Le « Google phone » n’existe pas
Depuis le lancement du téléphone HTC G1 par T-Mobile puis du G2/Magic, de nombreux articles ont fait référence à un téléphone mobile Google par analogie avec l'iPhone d'Apple. Le titre est accrocheur mais à part être deux nouveaux entrants sur le marché mobile, les deux sociétés ont des approches opposées.
L'annonce du lancement du Samsung i7500 en juin permet de prendre conscience que d'autres marques fortes (à plus forte notoriété que HTC) et les premiers concurrents de Nokia (Samsung, LG, Sony Ericsson, Motorola) sont membres de l'Open Handset Alliance lancée par Google comme d'ailleurs de nombreux opérateurs. La liste exhaustive des membres de l'alliance est impressionante. Il s'agit d'un enjeu de long-terme pour Google: atteindre une masse critique de terminaux Android où les services Google sont mis en avant pour pouvoir atteindre une audience massive qui permettent de monétiser à terme tout l'inventaire mobile de Google (Google Search, Google Maps, Gmail, Google Latitude, Gmail, Goog-411 aux Etats Unis mais aussi YouTube mobile). Il ne faut pas oublier non plus le rachat de Double Click et le partenariat annoncé il y a un an avec les réseaux AdMob et Millennial Media. Google a donc intérêt à promouvoir un écosystème le plus ouvert possible en fédérant une communauté de développeurs. Pour le moment, les volumes de ventes sont encore limités (par rapport aux 21M d'iPhones) mais l'attrait des développeurs montrent bien que l'enjeu se situe à moyen et long terme. Pour les partenaires constructeurs et opérateurs, le pari est également de bénéficier d'un effet volume qui permette de réduire à terme les coûts de développements et d'intégration de l'OS.
Il n'y a donc pas d'intégration aussi poussée entre le hardware et le software comme peut le faire Apple, pas de "designed by Google in California". Les revenus hardware d'Apple (Mac, iPod, iPhone) restent là pour démontrer, même sans prendre en compte les revenus d'iTunes et de l'App Store, que le modèle économique et la stratégie mobile d'Apple et de Google sont radicalement différents. Pour Apple, en plus des revenus directement issus du téléchargement des applications, l'objectif est de fidéliser le consommateur à la marque en rendant prohibitif le churn vers un autre environnement (le client perdant alors toutes les applications téléchargées). Pour Android Market, l'objectif est probablement d'offrir à terme un des catalogues les plus larges possibles pour ensuite pouvoir offrir des outils de référencement, de mise en avant sur la boutique digitale. Pour le moment et dans les deux cas, pour avoir une application visible il ne faut pas oublier d'ajouter un budget de communication offline! A moins d'être dans le Top 20 des applications et de savoir jouer au mieux de l'effet viral du mobile.
Source: Thomas Husson pour servicesmobiles.