Publié le 12 décembre 2012, modifié le 19 octobre 2014.
Par La Rédaction

Numérique ou imprimé, le livre est notre bien commun, il faut savoir le faire évoluer sans rien lui enlever….

Publié le 12 décembre 2012, modifié le 19 octobre 2014.
Par La Rédaction



Questions pour Alban Cerisier Secrétaire général, politique numérique Editions Gallimard


Pouvez vous nous parler de la politique numérique du Groupe Gallimard ?

Les Editions Gallimard et les filiales éditoriales du groupe Gallimard publient au format numérique la grande majorité de leurs nouveautés simultanément à leur parution papier ; elles les proposent à l’ensemble des revendeurs (libraires, opérateurs) qui sont susceptibles d’en assurer la promotion et la commercialisation. Elles ont également une politique ambitieuse de numérisation du catalogue. Elles mènent une politique de prix attractif et dynamique, avec un niveau de prix des nouveautés sensiblement inférieur au livre imprimé et, pour le fonds, un alignement du prix de vente du numérique sur celui du livre de poche. Le groupe Gallimard, avec Flammarion, Actes Sud et La Martinière, s’est par ailleurs doté d’une plateforme de distribution des livres numériques (Eden Livres) dont la vocation est d’assurer la gestion technique des relations avec les revendeurs.

Cette plateforme abrite à ce jour 16 000 livres numériques. Son activité augmente chaque jour.
Antoine Gallimard s’est fortement engagé en faveur d’une régulation du marché numérique, au travers de la loi sur le prix de vente du livre numérique adoptée en 2011. Celle-ci est un véritable facteur d’équilibre et de pluralité du marché et permet une juste rémunération de la création et du travail éditorial.
La recherche sur des livres numériques innovants est également un point important du développement numérique du groupe Gallimard (livres enrichis, applications), même si cette recherche reste encore fortement contrainte par des facteurs techniques.

Mais il est possible de proposer de nouvelles expériences de lecture, notamment au travers des tablettes numériques et de l’évolution des formats éditoriaux.
Le groupe est par ailleurs très impliqué dans les grands dossiers numériques qui se posent aujourd’hui au marché du livre (fiscalité du livre numérique, exploitation numérique des livres indisponibles, réforme du contrat d’édition, domination des opérateurs américains…).

Comment conciliez vous la profusion des plateformes (OS) pour vos contenus ?

La profusion des plateformes n’est pas une difficulté en soi ; elle exprime une diversité. L’important est que ces plateformes reconnaissent et adoptent des normes communes pour la lecture de livres numériques. C’est pourquoi nous soutenons le travail de normalisation menée au sein de l’IDPF autour du format de livres numériques Epub ; c’est un format qui évolue, à l’écoute des attentes des auteurs, des éditeurs, mais aussi des lecteurs. Mais comme on le sait, derrière les questions de format, il y a de gros enjeux commerciaux pour les opérateurs, notamment en phase de décollage d’un marché. C’est là que se décide la fixation durable des lecteurs dans un environnement de lecture.

Les modèles économiques traditionnels sont bouleversés, est-ce facile de trouver "l'équilibre" entre le livre papier et le livre numérique dans la chaine de valeur ?

Pour le moment, le papier est très largement dominant. Le marché du livre numérique ne représente pas 1 % du livre imprimé… Mais il est vrai qu’une certaine tension s’exerce sur la chaîne de valeur ; notre préoccupation d’éditeur est de pouvoir continuer à financer la création et l’innovation et d’assurer nos fonctions de prescription et de diffusion, dans une économie plus tournée vers l’accès que vers la copie individualisée. C’est en ce sens qu’une domination sans partage d’un nombre limité d’acteurs technologiques sur la marché de la distribution peut représenter un risque pour les industries créatives… mais aussi pour la liberté du lecteur.

Que pensez vous du modèle Freemium pour les livres numériques ?


Il est problématique, parce qu’il repose tantôt sur la publicité tantôt sur la subvention, et qu’il induit une idée fausse de la gratuité des biens culturels. Nous préférons continuer de travailler nos offres, en essayant d’atteindre cet équilibre entre l’horizon d’attente des lecteurs et celui des créateurs. La question de la lecture publique numérique se pose aussi et nous travaillons à définir des offres spécifiques destinées aux collectivités et soutenables par elles.

Comment voyez vous l'avenir du livre Numérique ?

Nous sommes très attentifs à ce qui se passe sur le marché américain, où les usages sont bien établis désormais, et chez nos confrères européens. Mais nous souhaitons qu’en France le livre numérique bénéficie d’une même diversité et d’un même dynamisme que le livre imprimé. C’est un vrai challenge ! Car aujourd’hui, le marché du livre est, de très loin, le premier marché de biens culturels en France…

Et le livre est premier cadeau que les Français envisagent de faire en cette veille de Noël. Numérique ou imprimé, le livre est notre bien commun ; il faut savoir le faire évoluer sans rien lui enlever. Avis aux amateurs… et aux créateurs ! 

Lire aussi