M-Pesa s’installe en Europe, éclatement des frontières entre le secteur bancaire et le secteur des télécommunications
Tribune Andre Spicer, Professeur de comportement organisationnel à la Cass Business School de Londres
Cette semaine Vodafone a lancé en Roumanie son service de mobile-banking M-Pesa qui a déjà révolutionné les pratiques bancaires sur le continent africain depuis 2007. Le client dispose sur sa carte SIM d’un e-compte dans lequel il peut verser de l’argent, le recevoir ou encore le transférer à un tiers.
L’introduction de M-Pesa en Europe montre qu’aujourd’hui les innovations proviennent souvent des économies marginales.
Vodafone s’est focalisé sur la Roumanie, l’une des économies les moins développées d’Europe, pour lancer M-Pesa. Mais il y a un marché potentiellement grandissant pour le genre de services proposés par M-Pesa dans toutes les économies développées. Du fait du changement du niveau et des écarts des revenus, et de la détérioration lente des conditions de vie des citoyens les plus pauvres, beaucoup de produits en demande dans les pays en voie de développement vont trouver un marché prêt à les accueillir parmi les plus démunis des pays développés. Par exemple, le système M-Pesa assure aux personnes plus pauvres, n’ayant pas accès au système financier, un moyen de transférer de l’argent liquide. C’est aussi utile pour des transactions personnelles que pour des activités à petite échelle.
M-Pesa et les autres formes de transactions en liquide représentent une menace à moyen terme pour les grandes institutions bancaires, puisque les banques font des investissements colossaux grâce aux systèmes de paiement. M-Pesa offre une alternative que beaucoup de petits clients peuvent trouver plus attractive. Mais la chose la plus importante est que M-Pesa représente la première étape dans l’éclatement des frontières entre le secteur bancaire et le secteur des télécommunications. Les grands acteurs des télécoms comme Virgin, se positionnent déjà dans le but d’obtenir une part de l’énorme industrie financière. Ce brouillage des frontières des industries pourrait avoir le même effet que « l’effet iTunes » lorsque les frontières entre l’industrie de la musique et l’industrie technologique se sont écroulées. Peut-être qu’un jour, nous regarderons derrière nous, en nous référant à la banque de détail comme de « l’effet M-Pesa ».