Publié le 28 juillet 2016, modifié le 16 novembre 2020.
Par Julien Gardès

La réalité augmentée séisme pour les publicitaires ?

Publié le 28 juillet 2016, modifié le 16 novembre 2020.
Par Julien Gardès

Plusieurs experts médias sont restés bouche bée face à la croissance météorique du jeu en réalité augmentée Pokémon Go

Plusieurs experts médias sont restés bouche bée face à la croissance météorique du jeu en réalité augmentée Pokémon Go qui, malgré un lancement la semaine dernière, a déjà dépassé Twitter en nombre d’utilisateurs actifs quotidiens et se paye le luxe de faire passer Facebook au second plan.

Au lancement de l’appli mobile gratuite, les détails concernant sa monétisation et son ouverture aux publicitaires étaient plutôt flous. Mais nous savons maintenant que la publicité basée sur l’emplacement représentera une grande partie du financement de la plateforme de jeu. Dans une interview avec le Times, le PDG de Niantic John Hanke a déclaré que les publicitaires paieront sur une base de « coût par visite », similaire au « coût par clic » utilisé pour les publicités dans les recherches Google.

Les premiers signes montrent que cette approche pourrait s’avérer extrêmement lucrative pour Niantic, société propriétaire de Pokémon Go. Mais en réalité, le potentiel est encore plus grand que cela et Pokémon Go n’est que la partie émergée de l’iceberg pour une révolution massive de la publicité basée sur l’emplacement.

Les avancées de la géolocalisation, du géorepérage et de la technologie programmatique signifient que les publicitaires sont désormais capables de toucher un consommateur situé dans un bâtiment précis pour lui diffuser des publicités au moment et à l’endroit le plus pertinent. Des sociétés technologiques leaders de la publicité mobile basée sur l’emplacement permettent aux publicitaires de dessiner des frontières autour de bâtiments spécifiques, puis de détecter les signaux des appareils mobiles qui se trouvent dans la zone voulue.

Cette technologie contribue à construire une énorme base de données de centaines de millions d’emplacements réels, chacun taggé de mots-clés tels que « amateurs de fast food » ou « salle d’exposition de voitures » que les experts marketing peuvent utiliser afin de cibler des groupes spécifiques de consommateurs avec des publicités mobiles.

Si Niantic exploite pleinement ces technologies, les capacités de ciblage deviendraient extrêmement sophistiquées et les opportunités vraiment massives. Et si elles sont bien utilisées, ces publicités ne feront pas fuir le public de Pokémon Go. En fait, elles peuvent même améliorer l’expérience utilisateur globale. Avec une approche « native » de la publicité (chose que la programmatique va également révolutionner), les marques peuvent fournir bien plus de messages créatifs et pertinents qui correspondent au contenu et à l’expérience utilisateur en général.

Les publicitaires explorent aussi les possibilités de la réalité augmentée (RA) depuis quelques temps, ce qui aura bien sûr un grand impact pour une plateforme de jeu comme Pokémon Go. Un exemple est Net-A-Porter, qui a utilisé la réalité augmentée afin de réinventer le lèche-vitrine. Le magasin de vente en ligne de mode de luxe a créé des vitrines RA à Paris, New York, Londres, Munich et Sydney afin de promouvoir la nouvelle collection Karl Lagerfeld. Alors que la vitrine semblait tout ce qu’il y a de plus ordinaire, la regarder à travers l’appli mobile Net-A-Porter Karl, permettait aux visiteurs de voir des vidéos du défilé, des informations sur les produits, des visualisations de produits à 360 degrés, et d’acheter directement les articles voulus.

[L’exemple est un peu vieux, lancé sur LeWeb en 2011, mais l’idée est là]

Net-A-Porter nous montre que tous les emplacements peuvent être une opportunité pour les marques afin de servir des expériences publicitaires augmentées, avec des possibilités créatives infinies. Tandis que la technologie continue d’évoluer, on pourrait même voir des marques créer leurs propres personnages Pokémon ou des fonctions qui utilisent la technologie programmatique afin de se mélanger au jeu et finalement en devenir une partie intégrante, en offrant des bons d’achat électroniques ciblés ou d’autres avantages par exemple. Tant que les publicitaires tirent les leçons de la croissance des bloqueurs de publicités et qu’ils créent des publicités qui se mélangent avec l’expérience plutôt que de l’interrompre, la publicité numérique a toute sa place dans la révolution du jeu menée par Niantic.

Bref, si vous pensez que Pokémon Go est un séisme, préparez-vous à plein d’opportunités encore plus grandes qui ne sont qu’au stade de l’éclosion. Une expérience Pokémon améliorée par la programmatique pourrait bien toucher un emplacement près de chez vous.

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