Publié le 7 septembre 2022.
Par La Rédaction

Il devient indispensable d’utiliser les smartphones deux fois plus longtemps, pour en produire deux fois moins !

Publié le 7 septembre 2022.
Par La Rédaction
Création : @smoytoo for @servicesmobiles (Photo : vladteodor)

Création : @smoytoo for @servicesmobiles (Photo : vladteodor)

Ce mois-ci, le Parlement européen a révélé son intention de pousser à l’amélioration de la durée de vie des batteries des téléphones et de la disponibilité des pièces détachées.

Ce projet de règles constitue une première étape importante dans le processus visant à rendre les smartphones plus durables. Très peu de smartphones encore commercialisés proposent des batteries amovibles. Cependant, cela pourrait changer à l’avenir. En effet, l’Union européenne envisagerait de forcer les constructeurs de smartphones à faire revenir ce système. L’objectif de ce retour de la batterie amovible serait écologique, afin d’éviter les déchets électroniques et allonger la durée de vie des smartphones. Il serait d’ailleurs prévu d’interdire les téléphones avec batterie intégrée sur le marché européen.

Écoconception pour des produits durables

Les effets du changement climatique devenant chaque année plus visibles, l’industrie électronique doit davantage se concentrer sur la durabilité et réduire son impact environnemental. L’UE envisage de pousser les fabricants de smartphones et de tablettes à fournir des pièces de rechange et à améliorer la durée de vie des batteries des téléphones. L’industrie des smartphones doit renoncer à la course au toujours plus compact et privilégier un design intelligent et durable plutôt qu’un design mince.

La conception des produits est essentielle pour déterminer leur réparabilité, et donc leurs impacts environnementaux. C’est pourquoi la nouvelle proposition de règlement sur l’écoconception, qui s’appuiera sur les mesures d’écoconception existantes, est cruciale pour établir la norme en matière de produits durables. Ce nouveau règlement établira un cadre, fixant des exigences d’écoconception ciblant des groupes de produits spécifiques. Elle fixera des exigences en matière de fourniture d’informations (via l’introduction d’un nouveau « passeport produit numérique »), ainsi que des exigences en matière de durabilité, d’évolutivité et de réparabilité des produits. Par exemple, en prolongeant la garantie légale au-delà de 2 ans pour les nouveaux biens que nous choisissons de réparer, Repair souligne que si la garantie est prolongée sans donner la priorité à la réparation, cela conduira simplement à plus de remplacement et plus de déchets électroniques inutiles. La réparation doit être définie comme le remède prioritaire dans le cadre de la garantie, car, sans ce remplacement, les déchets électroniques continueront de croître. Ils ont aussi cité des exemples de politiques nationales comme le score de réparation en France ou les allégements fiscaux sur les réparations en Autriche et en Allemagne comme source d’inspiration pour les politiques au niveau de l’UE qui conduiront à des réparations plus faciles. Dans l’ensemble, nous avons souligné que des incitations financières sont nécessaires pour garantir que les fabricants s’engagent à accorder la priorité aux réparations.

Les propositions énoncées par l’UE sont un excellent début, mais il y a certains aspects à améliorer, selon Eva Gouwens, CEO de Fairphone :

  • L’UE devrait faire pression pour imposer à la fois des batteries durables et des batteries en tant que pièces de rechange, et non l’un ou l’autre comme elle le recommande actuellement.
  • Les écrans flexibles ne devraient pas être exemptés de ces règles, car les fabricants pourraient commencer à les utiliser pour contourner les exigences.
  • Actuellement, les fabricants peuvent exiger des réparateurs qu’ils s’enregistrent et paient pour accéder aux informations de réparation, créant de fait un obstacle pour des réparations rapides et abordables. Tant le prix des pièces détachées que celui des informations doivent être “raisonnables”, ce qui laisse une grande place à l’interprétation. Si les réparations deviennent trop coûteuses et prennent trop de temps pour le consommateur moyen, la plupart éviteront probablement de réparer leurs propres appareils et opteront pour l’achat d’un nouvel appareil.

D’après les analyses de Fairphone sur le cycle de vie (ACV), plus les utilisateurs conservent leur téléphone longtemps, plus l’empreinte environnementale de l’appareil est faible. 75 % des émissions de CO2 sont émises lors de la production. En d’autres termes, si nous utilisons les téléphones deux fois plus longtemps, nous ne devons en produire que la moitié. Le dernier ACV pour le Fairphone 4 a révélé qu’en utilisant l’appareil pendant cinq ans au lieu de trois, l’empreinte carbone annuelle du téléphone peut être réduite de 31 % et de 44 % (avec deux remplacements de batterie) si l’appareil est conservé pendant sept ans.

La clé est de se concentrer sur des réparations simples à faire soi-même, les batteries remplaçables et l’assistance logicielle étendue permettant aux utilisateurs d’utiliser leurs téléphones bien au-delà de la durée de vie standard de 2 à 3 ans.

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