Publié le 24 mars 2020, modifié le 6 mai 2020.
Par Christophe Romei
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Coronavirus : une surveillance de masse s’installe sur votre smartphone !

Publié le 24 mars 2020, modifié le 6 mai 2020.
Par Christophe Romei
Photo :  ev - Unsplash

Photo : ev - Unsplash

S'attaquer à l'émergence d'une nouvelle pandémie mondiale est une tâche complexe. Mais l'intelligence collective est maintenant utilisée dans le monde entier par les communautés et les gouvernements pour réagir. Mais pas que…

Les progrès des technologies numériques ont transformé ce qui peut être réalisé grâce à l’intelligence collective ces dernières années, nous nous sommes connectés davantage, nous avons augmenté l’intelligence humaine et l’intelligence artificielle souvent pour aider à générer de nouvelles perspectives à partir de nouvelles sources de données. Face à cette pandémie, nous voyons des prévisions et modélisation du virus, une surveillance et information en temps réel, par exemple Covid-19 SG permet aux résidents de Singapour de voir tous les cas d’infection connus, la rue où vit et travaille la personne, l’hôpital dans lequel elle a été admise, le temps de récupération moyen et les connexions réseau entre infections. Malgré les préoccupations concernant les atteintes potentielles à la vie privée, le gouvernement de Singapour a adopté l’approche selon laquelle l’ouverture sur les infections est le meilleur moyen d’aider les gens à prendre des décisions et à gérer l’anxiété face à ce qui se passe.

Une chose est sûre : en travaillant ensemble et en partageant les connaissances, il y a de meilleures chances de vaincre la pandémie. Le smartphone est un outil très utile mais c’est aussi un appareil avec un GPS. Malheureusement, les téléphones portables n’ont pas été conçus pour la confidentialité et la sécurité. Transformer ce matériel en outil de surveillance est beaucoup plus facile et efficace que vous ne le pensez. Entre le signal mobile des stations cellulaires, votre WiFi, le Bluetooth, les apps… il y a de nombreuses possibilités de vous identifier et de vous positionner.

Si je pouvais suivre mon état de santé, j’apprendrais non seulement si je suis devenu un danger pour la santé des autres, mais aussi quelles habitudes contribuent à ma santé. Et si je pouvais accéder et analyser des statistiques fiables sur la propagation du coronavirus, je serais en mesure de juger si le gouvernement me dit la vérité et s’il adopte les bonnes politiques pour lutter contre l’épidémie.

Mais peut-être que pour garantir le confinement, cela est utile à tous, malade ou pas ? Mais, après…

PRIVACY

Le smartphone est omniprésent, car nous le transportons presque partout et lui confions des informations sensibles et parfois profondément personnelles.

Sans rentrer dans un débat sans fin autour de la vie privée, largement commentée par les médias, la pandémie change peut-être la façon d’appréhender un suivi face une maladie mortelle. Il est évident qu’il y a un risque d’atteinte à la vie privée au-delà de cette période pour certains pays…

La Chine a été la première à utiliser en masse les données, avec l’Iran dans le déploiement d’outils de collecte d’informations au niveau de l’État pour suivre sa population atteint du virus. En surveillant de près les smartphones des gens, en utilisant des centaines de millions de caméras de reconnaissance faciale et en obligeant les gens à vérifier et à signaler leur température corporelle et leur état de santé, les autorités chinoises peuvent non seulement identifier rapidement les porteurs de coronavirus suspectés, mais également suivre leurs mouvements et identifier toute personne avec laquelle ils sont entrés en contact. Une gamme d’applications mobiles avertit les citoyens de leur proximité avec les patients infectés et permet aussi de voyager !

En Iran, le gouvernement a été dénoncé par plusieurs personnes sur les réseaux sociaux pour avoir poussé les citoyens à télécharger une application qui devait aider à diagnostiquer le coronavirus. Au lieu de cela, l’application enregistrée le smartphone, collectant les coordonnées et les coordonnées de localisation. Google a supprimé l’application du Play Store le 9 mars.

Voici plusieurs exemples différents ci-dessous, dont l’un dans un pays en état d’urgence quasiment permanent, Israël et aussi dans une région asiatique qui à du faire face à plusieurs épidémies,Hong Kong.

Mais il y a de plus en plus d’initiatives dans tous les pays, Google et Facebook envisagent des efforts pour analyser les mouvements collectifs de millions d’utilisateurs afin de déterminer comment le coronavirus se répand à travers les EtatsUnis, et d’évaluer l’efficacité des appels à la distanciation sociale.

Le gouvernement britannique est en discussion avec des entreprises technologiques et des réseaux mobiles sur l’utilisation des données de localisation pour lutter contre l’épidémie. Une équipe de chercheurs de l’Université d’Oxford a commencé à développer une application mobile qui géolocalise en permanence le propriétaire d’un smartphone.

Des opérateurs en Italie, en Allemagne et en Autriche ont fourni des données aux autorités sanitaires pour évaluer si les citoyens respectaient les restrictions de mouvement. Vodafone a déclaré à Reuters qu’il avait fourni des données agrégées et une carte thermique pour la région italienne de Lombardie, qui, selon le média, était la zone la plus touchée du pays. Les données globales pour la région ont montré une baisse de 60% des mouvements de plus de 500 mètres.

ISRAEL

Israël est un vivier à startup avec beaucoup d’innovation depuis toujours, aussi il est peu étonnant que le gouvernement israélien adopte de nouvelles mesures pour endiguer l’épidémie. Le gouvernement a amendé et approuvé à l’unanimité mardi matin une motion autorisant les autorités à utiliser des outils de surveillance numérique avancés pour suivre et surveiller les Israéliens infectés par le coronavirus.

L’agence de contre espionnage et de la sécurité intérieure de l’État d’Israël, le Shin Bet qui documentera et examinera l’emplacement des patients visités avant d’entrer en quarantaine ou d’être hospitalisés et s’ils ont enfreint les directives gouvernementales liées à la propagation de COVID-19. Cela va permettre de retrouver les personnes qui se trouvaient à une distance de contagion du patient le long de leur parcours et de signaler directement à leur téléphone qu’elles ont été exposées à la maladie et doivent entrer en quarantaine ou se faire tester pour le virus. Toutes les données collectées seront supprimées après que le gouvernement aura levé l’état d’urgence. (Les informations ne seront pas enregistrées dans les bases de données du Shin Bet) Source

HONG KONG

Les personnes qui arrivent à Hong Kong depuis l’étranger vont recevoir un bracelet de surveillance qui, selon les autorités, peut déclencher l’alarme et alerter les autorités si elles quittent leur lieu de quarantaine avant la fin de la période obligatoire de deux semaines à travers une application mobile. Ils ressemblent à des bracelets d’hôpital avec un code QR qui se couple avec une application pour smartphone, qui utilise la force des signaux de communication environnants comme le Wifi, le Bluetooth et le GPS pour déterminer si la personne mise en quarantaine a quitté l’emplacement prescrit.

L’application enverra une alerte et informera le service de santé et la police si le détenu est réputé avoir quitté le lieu de quarantaine. Le service mobile est le résultat d’une collaboration entre une start-up et une université locale.

Ils peuvent en distribuer dix à vingt mille chaque jour — chaque voyageur entrant en aura un. Source

CORÉE DU SUD

Le gouvernement a pris des mesures extrêmes pour essayer d’identifier chaque étape qu’une personne a prise avant d’être contaminée par le virus, en utilisant les données de suivi du téléphone GPS, les comptes de carte de crédit et des entretiens avec chaque patient pour déterminer ses mouvements. Ces informations sont mises à la disposition du grand public afin qu’il puisse voir s’il a partagé un emplacement avec un porteur du virus et se faire tester, même s’il ne montre aucun signe de maladie.

SINGAPOUR

Singapour a lancé une application mobile TraceTogether pour soutenir les efforts de recherche de contacts dans le cadre de l’épidémie. Grâce à l’échange de signaux Bluetooth à courte distance entre les téléphones mobiles avec l’application installée, chaque téléphone peut détecter d’autres téléphones participants qui sont à proximité. L’application TraceTogether ne collecte aucune donnée de localisation et il n’y a aucun moyen pour le gouvernement de localiser votre position avec cette application. Elle utilise la technologie Bluetooth pour échanger des connexions avec des appareils à proximité disposant de l’application. L’application n’a que la possibilité d’afficher les connexions entre les appareils, et non leurs emplacements.

Lorsque vous configurez l’app, il vous sera seulement demandé votre numéro de mobile. Ce sont les seules données personnelles que le Ministère de la Santé détiendra à votre sujet, et elles sont stockées sur un serveur hautement sécurisé avec un ID utilisateur anonyme et aléatoire lié à votre numéro de téléphone mobile. La fonctionnalité de TraceTogether sera suspendue après la fin de l’épidémie.

EUROPE

Les opérateurs de téléphonie mobile partagent des données avec les autorités sanitaires en Italie, en Allemagne et en Autriche, aidant à lutter contre les coronavirus en contrôlant si les gens respectent les restrictions de circulation tout en respectant les lois européennes sur la confidentialité. Les données, anonymes et agrégées, permettent de cartographier les concentrations et les mouvements des clients dans les «zones chaudes» où COVID-19 s’est installé. Source

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