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Pour démarrer, le rapport rappelle quelques faits, 81% des émissions de gaz à effet de serre (GES) du numérique en France seraient liées à l’ensemble des terminaux numériques. Les smartphones représenteraient 13% des émissions de GES des terminaux numériques en 2019, correspondant à 11% des émissions totales de gaz à effet de serre du numérique – ils n’occupent néanmoins que la troisième position après les téléviseurs (23%) et les ordinateurs portables (14%). Enfin, la production des équipements neufs représenterait 75% de l’impact total du produit, tandis que la période d’utilisation et la consommation énergétique associée ne représenteraient que 25% de son empreinte totale.
Selon GfK, sur les 16 millions de smartphones vendus neufs en France, la moitié (49%) a été commercialisée par les opérateurs en 2020. En intégrant les téléphones mobiles classiques vendus neufs, téléphones mobiles reconditionnés ou vendus d’occasion, l’Arcep estime que la part de
téléphones vendus en 2020 par les opérateurs sur le marché grand public est comprise entre 35% et 40%.
Les modèles de distribution sont également multiples et ont connu une évolution significative sur les dix dernières années. Certaines peuvent être mises en œuvre par l’ensemble des acteurs : vente au comptant, crédit et paiement en plusieurs fois, location. Au début des années 2010, les terminaux mobiles souscrits dans le cadre du subventionnement étaient la norme. Avec l’arrivée des offres forfaitaires découplées de l’achat d’un téléphone à partir de 2011, la proportion de forfaits avec subvention du terminal n’a cessé de diminuer. En 2020, ils ne représentent que 21% de l’ensemble des contrats forfaitaires souscrits par la clientèle grand public. En revanche, le subventionnement représente encore une part significative (50%) des achats de terminaux effectués auprès des opérateurs, correspondant à moins de 20% de l’ensemble des ventes de téléphones mobiles (neufs ou reconditionnés).
En France, la durée d’utilisation individuelle des smartphones est évaluée entre 23 mois et 37 voire 40 mois : une durée pour laquelle la disparité des chiffres et l’évolution des usages rendent les conclusions difficiles. Néanmoins, sur la période allant de 2013 à 2019, quelles que soient les sources, le rythme de renouvellement des terminaux mobiles semble avoir ralenti : la durée d’usage individuel se serait allongée de 6 à 12 mois. Ces durées, bien qu’en progression, semblent toujours éloignées des 5 voire 10 ans que plusieurs des acteurs rencontrés par l’Arcep ont estimés comme une durée de vie potentielle des terminaux mobiles, à condition que l’obsolescence logicielle et l’obsolescence culturelle ne la limitent pas. Autre information, l’ancienneté de l’ensemble des smartphones actifs sur les réseaux serait, en moyenne, de 32 mois contre 29 mois pour les smartphones subventionnés.
Certaines enquêtes réalisées auprès des consommateurs permettent d’avoir une analyse plus détaillée de la fréquence de renouvellement dans
certains pays :
Ce marché prend chaque année des parts de marché de plus en plus importantes ! Le marché mondial du téléphone d’occasion était estimé en 2018 à 131 millions d’unités pour une valeur d’un peu moins de 21 milliards de dollars en 2017. En France, en 2017, le marché de l’occasion représentait 2 millions de terminaux. Avec seulement 73% de taux d’équipement en Smartphone, le téléphone mobile reconditionné représente indéniablement une solution alternative et moins onéreuse pour s’équiper. En 2020 2,8 millions de téléphones ont été reconditionnés vendus en 2020, en hausse de 25% par rapport à 2019, soit une part du reconditionné dans le total de téléphones vendus (21,4 millions) de 13%.
Au-delà de la durée d’usage individuel, la durée d’utilisation totale des téléphones mobiles est un élément essentiel à appréhender. De plus en plus de consommateurs ont recours au marché du reconditionné. Le modèle du reconditionnement permet d’allonger la durée de vie des téléphones mobiles. Il s’inscrit dans une logique de réparabilité et de durabilité des terminaux qui, remis en état, peuvent passer d’un utilisateur à un autre, multipliant ainsi les durées d’usage individuel et augmentant la durée d’utilisation totale de l’équipement. Orange, Bouygues Telecom, Free et SFR ont collecté environ 700 000 terminaux destinés au reconditionnement en 2020 et tous développent des programmes (par exemple de reprise) pour augmenter ces volumes dans les prochaines années.
Recommerce, via son étude annuelle réalisée par Kantar79, estime en effet que 50% des Français envisagent d’acheter un mobile reconditionné auprès d’un professionnel. Plusieurs raisons sont évoquées par le sondage de Kantar et ont également été citées lors des entretiens. La première raison qui invite les consommateurs à se tourner vers le reconditionné est le prix, suivie de l’intérêt d’avoir une garantie (par rapport un
produit d’occasion), et enfin, la préoccupation écologique et le soutien au réemploi sont évoqués par beaucoup (39% des répondants au sondage).
On constate un phénomène fort « d’hibernation » d’un certain nombre de téléphones inutilisés ou inutilisables demeurant dans le « tiroir » des utilisateurs européens. Leur nombre est estimé entre 30 et 100 millions en France, entre 80 et 120 millions en Allemagne, entre 6 et 12 millions
au Pays-Bas et à 70 millions au Royaume-Uni. En conséquence, le taux de recyclage des téléphones portables reste relativement bas en Europe, estimé entre 12 et 15 % en 2017. De surcroît, le taux de recyclabilité des smartphones est également relativement limité du fait de certaines de leurs caractéristiques techniques telles que la complexité des alliages utilisés dans leur composition. Par ailleurs, les phénomènes d’obsolescences programmées (matérielle ou logicielle) et culturelles ainsi que les barrières à la réparation sont des facteurs de l’accélération de la fréquence de renouvellement des terminaux bien identifiés au niveau international.
Au-delà du cadre règlementaire européen, de nombreuses initiatives menées par les pouvoirs publics et la société civile (associations, opérateurs, entreprises spécialisées, etc.) ont progressivement émergé au sein des États européens pour répondre aux enjeux soulevés par l’empreinte environnementale du cycle de vie des terminaux mobiles :
…
L’étude des bonnes pratiques déployées au niveau européen met en lumière la diversité des situations nationales et un certain nombre de facteurs de réussite comme l’importance de la coordination entre les différents acteurs de réparation et réemploi des téléphones portables, des voies de collecte spécifiques adaptées à la réalité des usages, des campagnes communication informatives à destination des consommateurs pour mettre fin au phénomène d’hibernation et visibiliser les filières de réutilisation des terminaux.
A priori, le modèle du reconditionnement permet d’allonger la durée de vie des téléphones mobiles. Il s’inscrit dans une logique de réparabilité et de de durabilité des terminaux qui, remis en état, peuvent passer d’un utilisateur à un autre, multipliant ainsi les durées d’usage individuel et augmentant la durée d’utilisation totale de l’équipement. Ainsi et pour rappel, cette filière repose sur trois étapes clés que sont la collecte, les interventions techniques et la revente ; constituant autant de leviers d’action potentiels pour améliorer l’empreinte environnementale des terminaux.