Les applications mobiles ont un impact croissant sur la consommation énergétique et l’environnement
Les terminaux utilisateurs sont désormais les plus gros contributeurs à l’impact environnemental du numérique et ce phénomène est amené à se renforcer.
Le consommateur mobile moyen a un nombre accru d’applications téléchargées sur son appareil mobile. Au second semestre 2020, le consommateur moyen avait 110 applications installées, une augmentation par rapport à 87 applications au cours de la même période il y a 2 ans. La pandémie a accéléré ce changement de comportement, atteignant un sommet en heures passées au cours du premier semestre 2020 (lorsque les verrouillages étaient à leur apogée). Le temps passé dans les applications reste élevé, même si de nombreux consommateurs sont désormais en mesure de s’aventurer dans une période post-verrouillage.
En 2019, une entreprise française, Greenspector, avait dévoilé le Top 30 de la consommation énergétique des applications mobiles les plus populaires dans le monde en partenariat avec Atos. Si les datacenters sont souvent pointés du doigt dans l’émission de gaz à effet de serre du secteur numérique (qui représentera près de 10 % des émissions sur la planète d’ici 2025), les applications mobiles ne sont pas en reste comme le démontre l’étude. La projection des consommations annuelles des applications mobiles (hors utilisation des réseaux et des serveurs des datacenters) équivaut à 20 térawatts-heures, soit quasiment l’équivalent de la consommation annuelle en électricité d’un pays comme l’Irlande (5 millions d’habitants).
La même année, GreenIT dans les Echos montre que plus de 4 milliards de personnes utilisent 34 milliards d’équipements numériques. Une réalité qui a un coût environnemental de plus en plus lourd : 1 400 millions de tonnes de gaz à effet de serre, 6 800 térawatt-heure d’énergie primaire, 7,8 millions de mètres cubes d’eau douce, etc. « La masse de cet univers numérique représente l’équivalent de 179 millions de voitures, soit 5 fois le parc automobile français. »
Les applis de réseaux sociaux consomment jusqu’à 4 fois plus d’énergie. Mails, messages, réseaux sociaux, navigateurs, etc. 7 catégories comprenant chacune 5 applications ont été mesurées à conditions identiques. Parmi ces catégories, la navigation web et les réseaux sociaux sont en moyenne plus consommateurs que les jeux ou les applications multimédias. Le rapport serait même de 1 pour 4 entre la consommation des applications entre les moins et les plus énergivores.
L’amélioration sensible de la sobriété des applications mobiles pourrait avoir rapidement des conséquences très positives sur les impacts écologiques. Si la moyenne des applications était positionnée sur la meilleure application mesurée de sa catégorie, la consommation énergétique pourrait être réduite de 6 TWh, soit l’équivalent d’une tranche nucléaire. Au niveau des utilisateurs, une meilleure consommation énergétique des applications permettrait d’augmenter d’1/3 l’autonomie des smartphones.
Pistes d’amélioration
- Adapter les flux des applications multimédias à la plateforme et la vitesse de connexion de l’utilisateur permet déjà de réduire la consommation.
- La navigation web est très consommatrice et nécessite l’application de bonnes pratiques web et mobile (écoconception) afin d’éviter l’obésiciel.
- Les réseaux sociaux sont des gouffres de consommation. En tant qu’utilisateur, préférer les versions « light » et/ou les options pour cacher les contenus multimédias.
Outils
Il est certain que ce changement de mentalité ne peut se faire qu’avec des outils et des engagements sur l’élaboration de bonne pratique pour l’ensemble de l’industrie du développement des applications. C’est pour cela que Greenspector a lancé pour Atos en 2019 un outil accessible dans le cloud pour mesurer la consommation énergétique des applications, sites web et bientôt de l’IoT. Mais il faut l’avouer, nous sommes à l’an Zéro de l’éco-conception dans les apps mobile 🙂 Le web est un peu mieux équipé et l’initiative de Google qui va démarrer avec Core Web Vitals. En quelques mots, Google prévoit de faire de l’expérience de la page un facteur de classement officiel de Google. Il faudra des outils similaires pour les applications et aller plus loin…