Croissance et ingéniosité de Pokémon Go, un modèle de monétisation

Pokémon Go est au sommet de sa popularité, le jeu de Niantic a connu sa meilleure année civile après avoir généré 1 milliard de dollars au cours des 10 premiers mois de 2020. À certains égards, Pokémon GO n'aurait pas dû réussir en 2020 mais sa résilience est un modèle.

Toujours très populaire, le titre emblématique basé sur la localisation a été lancé en juillet 2016. Il a été rapidement déployé à travers le monde, attirant l’attention du grand public et plus de 832 millions de dollars de dépenses pour les joueurs d’ici la fin de cette année. Les dépenses ont diminué de 29% en 2017, mais elles ont augmenté chaque année depuis, 2020 représentant déjà sa meilleure année. Les joueurs du monde entier ont dépensé jusqu’à présent cette année 11% de plus que l’année dernière, et 30% de plus qu’au cours des 10 premiers mois de 2019.

Il a connu sa meilleure année civile et cela place le jeu sur un taux d’exécution annuel de 1,2 milliard de dollars, ce qui représenterait une croissance de 33% d’une année sur l’autre. Cela est notable compte tenu d’un rythme accéléré par rapport à son taux de croissance de 2019. L’une des choses remarquables à propos de la croissance de Pokémon Go et de son jeu soutenu pendant quatre ans est que la récente période a coïncidé avec une pandémie. Niantic a pivoté rapidement et ajusté les mécanismes de jeu pour s’adapter au jeu stationnaire à domicile, plus facile à dire qu’à faire du point de vue de l’UX. Ces changements ont eu un tel succès que Niantic a réussi à augmenter ses ventes de 66%.

La plus grande frustration liée à Pokémon Go pendant ce confinement est l’incapacité de sortir, ce qui affecte une grande partie de l’expérience. Les joueurs ne pouvaient plus visiter les gymnases, participer à des raids et à des journées communautaires. Ils ont donc repensé le jeu et l’ont adapté pour la maison.

Dans le même temps, certains joueurs pratiquant la distanciation physique ont trouvé un moyen de s’aventurer en toute sécurité à l’extérieur et de rester actifs pendant cette période.

Il est rare que les jeux mobiles maintiennent un jeu actif pendant plusieurs années, mais l’équipe de Niantic est bien rodée sur la conception du jeu, sur les cibles.

Monétisation

La monétisation de Pokémon Go est non seulement bien pensée, mais à toujours progressé en regardant les usages. De nombreux modèles commerciaux freemium réussissent sur la base de la création d’un point de friction, rendre l’utilisateur (plusieurs types de joueurs) tellement accro à un produit qu’il paiera pour franchir une étape particulier. C’est ce qu’on appelle « Gacha game » incitant les joueurs à dépenser de la monnaie dans le jeu pour recevoir un objet virtuel aléatoire. Un joueur ne peut pas obtenir immédiatement ce qu’il veut et doit continuer à essayer. Compléter la collection est très difficile et nécessite de nombreux essais et donc des dépenses massives pour augmenter les chances.

En général, les jeux ont quatre façons de progresser : Compétence, Chance, Usage ou Payer. Les deux derniers sont les plus importants pour la monétisation et aucun des jeux mobiles les plus réussis financièrement n’est basé sur les compétences. Ils ont développé aussi des personnages avec des partenaires cibles qui s’apparentent au modèle publicitaire.

Le chiffre d’affaires de Niantic valide également l’innovation du modèle commercial. Les achats intégrés (IAP) sont une structure de revenus appropriée, compte tenu de l’économie comportementale des microtransactions. Dans un sens plus large, le modèle génère 70 milliards de dollars par an dans les jeux mobiles. Google Play représente la majorité des revenus du titre, générant plus de 2,2 milliards de dollars, soit 53,4% du total. L’App Store, quant à lui, représente 1,9 milliard de dollars, soit 46,6%.

En ce qui concerne les téléchargements, Pokémon Go a généré à ce jour près de 600 millions d’installations uniques dans le monde. Les États-Unis se classent n°1 pour les téléchargements avec 109 millions d’installations, soit 18,2% du total. Le Brésil, quant à lui, a accumulé 65,2 millions de téléchargements, soit près de 11%, et le Mexique se classe n°3 avec 37,3 millions, soit 6,2%. Comme pour les dépenses des joueurs, Google Play représente la majorité des téléchargements, avec près de 466 millions d’installations, soit 78%. L’App Store, quant à lui, représente environ 132 millions de téléchargements, soit 22%.