Publié le 15 septembre 2023, modifié le 18 septembre 2023.
Par La Rédaction

Vivre avec un smartphone vieillissant

Publié le 15 septembre 2023, modifié le 18 septembre 2023.
Par La Rédaction

La meilleure action possible pour réduire son empreinte est de garder le plus longtemps possible son appareil. Il est donc naturel que des paramètres nous aidant dans cette mission soit écologiquement bénéfiques.

L’essor des outils numériques a des conséquences environnementales et sociales, principalement liées à la fabrication des appareils (émissions de CO2, consommation d’énergie, utilisation de ressources naturelles, impact sur la biodiversité et les populations). De plus, la gestion en fin de vie des appareils, en particulier des smartphones, pose des problèmes de recyclage en raison de leur complexité et de leur conception non réparable. Contrairement à d’autres objets complexes tels que les voitures, les smartphones sont souvent remplacés plutôt que réparés, en partie en raison de leur démocratisation grâce à la production de masse. Les constructeurs continuent de sortir régulièrement de nouveaux modèles, bien que l’innovation ne progresse plus aussi rapidement qu’auparavant, ce qui encourage le remplacement plutôt que la maintenance.

En France, les émissions de GES du numérique pourraient augmenter de 60% d’ici à 2040, passant de 2% à 6,7% des émissions du pays. Parmi toutes ces émissions, la majorité vient de la production des appareils (smartphones, ordinateurs, télévisions, serveurs, objets connectés…) et non de leur usage. À titre d’exemple, dans l’Environmental Progress Report d’Apple de 2021, on voit que les émissions de GES de l’entreprise proviendraient en majorité de la fabrication de leurs produits (71%). Leur usage, lui, correspondrait à 19%, et leur transport 8%.

En 2008, des chercheurs essayaient déjà de comprendre les raisons du remplacement des téléphones portables. Iels ont mené une étude26 sur 79 participant·es, et les résultats indiquent que beaucoup de remplacements étaient conditionnés par la durée du contrat avec l’opérateur ce qui n’est plus le cas en 2023. Ce sont souvent la perte de performances et les problèmes logiciels qui sont souvent le levier du changement !

Freiner la fabrication de nouveaux appareils

Pour réduire l’impact environnemental du secteur numérique, il est essentiel de freiner la fabrication de nouveaux appareils. Plutôt que de se concentrer uniquement sur l’innovation technologique, nous devons promouvoir les pratiques de réparation et de maintenance. La réparation des nouvelles technologies, selon Steven Jackson, est cruciale, et nous devons repenser l’innovation pour prolonger la durée de vie des appareils. Il propose une approche du “broken-world thinking” où la réparation devient essentielle pour prolonger la vie des technologies. De plus, l’étude de Nicolas Nova et Anaïs Bloch met en évidence l’importance des réseaux de réparation non officiels en tant qu’innovation à valoriser.

Il est important de noter que l’obsolescence logicielle doit également être considérée, car même des appareils en bon état physique peuvent devenir inutilisables en raison de l’absence de mises à jour logicielles. Les pratiques de réparation et de maintenance des logiciels sont tout aussi cruciales que celles du matériel pour prolonger la durée de vie des appareils. C’est le point central de cette enquête très complète (mémoire de recherche) qui permet d’avoir une meilleure compréhension des enjeux liés à l’obsolescence logicielle, mais aussi relever les liens qui peuvent exister entre problèmes logiciels et matériels, pour définir à quels niveaux les deux sont interconnectés.  Le rapport relevé aussi les différents facteurs d’obsolescence

Avez vous donner votre vieux smartphone

Que se passe-t-il avec les appareils qui sont remplacés ? Selon l’Arcep, 28% des anciens appareils trouvent une seconde vie en étant donnés ou vendus. En fait, plus de la moitié des utilisateurs conservent leur ancien smartphone, et dans la moitié des cas, c’est parce qu’ils pensent qu’ils pourraient encore être utiles. Cependant, l’Arcep signale que “plus d’un quart des anciens smartphones, toujours fonctionnels, restent inexploités au fond des tiroirs”. Dans d’autres cas, les appareils ne sont pas conservés pour une raison précise.

Un autre facteur limitant la possibilité de réutilisation est la préoccupation concernant la sécurité des données personnelles. Une étude de 2009, qui examine les pratiques de transférabilité d’appareils entre utilisateurs dans différents pays, révèle que, au Japon, la principale raison de l’hésitation à réutiliser un appareil est la crainte de la fuite de données personnelles. Certains doutent également de la capacité des professionnels à supprimer complètement les données du téléphone. Toujours selon l’Arcep, en France, seuls 14% des anciens appareils sont apportés par leurs utilisateur·ices dans des bacs de collecte, déchetteries, ressourceries, recycleries et associations pour être recyclés. En Europe, moins de la moitié (42,5%) des 12 Mt de déchets électroniques sont documentés comme étant collectés et correctement recyclés. C’est le continent où le recyclage est le plus développé  !

Lire aussi