Un tournant dans la modération des contenus sur YouTube

Image d'illustration. YouTubeADN
En modifiant ses règles de modération, YouTube privilégie désormais la liberté d’expression.
Tl;dr
- YouTube a assoupli ses règles de modération : une vidéo n’est désormais retirée que si plus de 50% de son contenu enfreint les règles, contre 25% auparavant.
- La plateforme vidéo de Google privilégie désormais la liberté d’expression, même face à des contenus sensibles, au nom de « l’intérêt public ».
- Malgré cette nouvelle ligne, les suppressions pour discours haineux ont augmenté, et les effets réels de ce changement restent flous.
Un changement de cap chez YouTube
Depuis plusieurs mois, YouTube a discrètement revu ses pratiques de modération de contenu. Une évolution qui s’inscrit dans le sillage d’acteurs tels que Meta ou encore X (anciennement Twitter). Selon des documents internes consultés par le New York Times, la plateforme vidéo de Google demande désormais à ses modérateurs d’être moins stricts : dorénavant, une vidéo ne sera retirée que si plus de la moitié de son contenu enfreint ses propres règles – contre un quart auparavant.
L’intérêt public comme boussole mouvante
Cette orientation repose sur la notion d’intérêt public, une définition que la porte-parole Nicole Bell n’hésite pas à qualifier d’« évolutive ». Les sujets concernés ? Les débats sur les élections, les questions raciales ou de genre, l’immigration, entre autres. Comme l’explique la représentante de la plateforme au quotidien américain : « Notre objectif reste identique : protéger la liberté d’expression sur YouTube tout en limitant les préjudices graves ». Cette ligne de conduite se traduit concrètement par des consignes adressées aux équipes : lorsqu’il s’agit d’arbitrer entre la liberté d’expression et le risque potentiel lié à un contenu, il est désormais préférable d’opter pour le maintien en ligne.
Des exemples concrets et des zones grises
Difficile toutefois d’y voir clair sur l’impact réel de cette nouvelle politique. Prenons le cas d’une vidéo intitulée « RFK Jr. Delivers SLEDGEHAMMER Blows to Gene-Altering JABS », relayant à tort que les vaccins contre le Covid modifieraient nos gènes. Les modérateurs ont été invités à juger que « l’intérêt public dépasse le risque de préjudice », justifiant ainsi son maintien — même si ladite vidéo a finalement été supprimée sans explication officielle. D’autres contenus demeurent accessibles, y compris certains comprenant des propos injurieux envers une personne transgenre ou évoquant un sort funeste pour l’ancien président sud-coréen Yoon Suk Yeol.
Bilan contrasté et vigilance accrue
Ce nouvel équilibre n’a pas empêché une hausse notable du nombre de suppressions pour motifs haineux ou abusifs : selon YouTube, ces suppressions auraient augmenté de 22% en un an. Néanmoins, aucune indication n’a été donnée concernant le volume initial signalé ni ce qui aurait changé si l’ancienne politique était restée en vigueur. Reste à savoir comment cette approche influencera, à long terme, la qualité du débat public et la protection contre les discours toxiques sur la plateforme.
- Diminution du seuil de retrait des vidéos.
- Dilemme constant entre liberté d’expression et risque social.
- L’impact concret reste difficile à évaluer pour l’instant.