Nubank, la néobanque brésilienne cotée à la Bourse de New York, se lance dans le secteur des réseaux mobiles avec un service eSIM pour les voyageurs, offrant 10 Go de données gratuites dans plus de 40 pays. Une incursion stratégique pour élargir ses services et suivre les tendances fintech.
La transition des néobanques vers les MVNO va-t-elle devenir une réalité ? Les néobanques, ces institutions financières numériques qui défient les banques traditionnelles, ajoutent des services supplémentaires pour attirer de nouveaux clients. Avec l’essor des opérateurs mobiles virtuels (MVNO) et de la technologie eSIM, les néobanques comme Nubank commencent à explorer ce terrain. L’approbation discrète de l’Agence nationale des télécommunications du Brésil (ANATEL) pour que Nubank devienne MVNO en partenariat avec Claro souligne cette tendance. Bien que Nubank n’ait pas confirmé les détails de lancement, l’entreprise teste déjà les eaux du secteur des réseaux mobiles.
les néobanques explorent souvent des partenariats ou des extensions de services pour inclure des offres de télécommunications, bien que ce ne soit pas toujours sous la forme d’un MVNO classique. L’objectif est de créer un écosystème intégré où les services bancaires et télécoms peuvent se compléter pour offrir une expérience utilisateur plus riche et plus pratique.
- N26 : Cette néobanque allemande n’a pas directement lancé un service MVNO, mais a collaboré avec des opérateurs télécoms pour offrir des forfaits mobiles et des cartes SIM à ses utilisateurs en partenariat avec des opérateurs locaux dans certains pays.
- Bunq : Cette néobanque néerlandaise a aussi exploré des services au-delà des simples opérations bancaires traditionnelles, bien qu’elle n’ait pas encore lancé de services de MVNO, elle a introduit divers services de voyage et des fonctionnalités qui complètent l’utilisation de la banque en déplacement.
Nubank et sa stratégie de croissance
Fondée il y a dix ans, Nubank a vu sa valorisation grimper de 170 % en un an, atteignant 58 milliards de dollars en mars. Après un passage d’une perte nette de 9 millions de dollars en 2022 à un bénéfice net de 1 milliard de dollars l’année dernière, la société a continué sur sa lancée avec des revenus records au premier trimestre 2024. Nubank compte désormais plus de 100 millions de clients au Brésil, au Mexique et en Colombie.
Ce nouveau service s’adresse principalement aux abonnés de Nubank Ultravioleta, un abonnement premium lancé il y a trois ans, incluant des avantages tels que l’assurance, des plafonds de crédit élevés, des remboursements en argent et des comptes familiaux.
La convergence des services financiers et des réseaux mobiles
Nubank n’est pas la seule à emprunter cette voie. En février, la néobanque britannique Revolut a lancé un service eSIM similaire pour ses abonnés premium. De même, la néobanque indienne Zolve a intégré les réseaux mobiles à ses services pour les immigrants aux États-Unis. Cette synergie entre services financiers et communications mobiles reflète une tendance où les deux sont essentiels pour les utilisateurs, surtout lorsqu’ils arrivent dans un nouveau pays.
Les néobanques et les MVNO partagent des caractéristiques communes : elles sont virtuelles, avec une forte composante technologique, souvent accessibles uniquement en ligne, et elles offrent des prix plus compétitifs grâce à des coûts d’exploitation réduits.
Les défis réglementaires
Les néobanques ne se présentent pas explicitement comme des MVNO avec leurs nouveaux services eSIM de voyage. Cela permet d’éviter des obligations réglementaires supplémentaires. Par exemple, Revolut a précisé qu’elle ne devient pas MVNO, mais s’appuie sur un réseau global via 1Global, un agrégateur d’accords MVNO et d’accès au roaming.
Les MVNO reposent sur l’infrastructure des opérateurs, et des facilitateurs comme 1Global ou Gigs simplifient le lancement des réseaux mobiles pour les entreprises, prenant en charge la conformité réglementaire. Ainsi, Nubank peut lancer son service eSIM sans devenir un fournisseur de télécommunications à part entière. Nubank, en s’aventurant dans le domaine des réseaux mobiles, incarne une évolution stratégique des néobanques cherchant à diversifier leurs services. Cette fusion des services bancaires et de télécommunications pourrait remodeler les deux industries, en offrant aux clients des solutions intégrées et pratiques.
La véritable question est de savoir jusqu’où cette convergence peut aller sans des complications réglementaires majeures.