Le défi du cobalt à l’honneur pour la Journée mondiale du recyclage
Après un vote des États membres, la directive CSDDD, imposant un devoir de vigilance à l'échelle européenne, a été adoptée. Quels changements cette directive pourrait-elle apporter ?
La directive CSDDD : un pas en avant, mais insuffisant, pourquoi ? Alors que le respect de l’environnement et de la dignité humaine devient un enjeu majeur, l’Union européenne a voté la directive CSDDD. Cependant celle-ci, initialement grandement plus ambitieuse, a vu son application fortement réduite. Désormais, seules 0,05 % des entreprises européennes sont concernées, contre 50 % au départ. Mais Fairphone, porteur d’une vision d’une économie respectant autant l’homme que l’environnement, se positionne vivement contre cette version édulcorée. En effet, Remco Kouwenhoven, responsable de l’innovation sociale chez Fairphone, interpelle : “Nous ne pouvons pas attendre 5 ans de plus”.
Rappelons que dans le cadre de la CDDDD, les entreprises de terrain (y compris le secteur financier, bien que limités dans un premier temps), ils doivent adopter des plans de transition pour s’assurer que leurs stratégies et leurs plans d’affaires sont conformes à l’Accord de Paris. Dans le cas où une entreprise sur le terrain identifie l’impact négatif réel et potentiel sur les droits de l’homme ou l’environnement (CSDDD-risques) dans sa chaîne de valeur qui ne peut être empêchée ou terminée, il devrait mettre fin à ses partenariats avec les entreprises responsables de ces effets négatifs. La CDDDD contient une approche fondée sur les risques. Par conséquent, les entreprises en champ d’application n’ont l’obligation de prendre des mesures que si elles sont directement responsables des risques liés à la CDDDD. Dans le cas contraire, la responsabilité s’étend à une obligation générale de diligence de l’entreprise en champ d’application.
Une urgente nécessité d’agir
Ces entreprises ont maintenant cinq ans pour mettre en place des mesures de protection des droits humains et de l’environnement. C’est néanmoins un délai trop long au regard des enjeux mondiaux. Le nombre de travailleurs n’ayant pas un revenu suffisant pour sortir de la pauvreté montre bien l’urgence de la situation. L’appel de Fairphone à l’action ne saurait être plus pressant.
Les enjeux de l’extraction du cobalt
Le cobalt est principalement extrait en République démocratique du Congo (RDC), qui détient plus de 60 % des réserves mondiales de ce métal précieux.
Le 18 mars, Journée mondiale du recyclage, est l’occasion de mettre en lumière la problématique du cobalt. Angela Jorns, responsable des matériaux équitables et de l’exploitation minière chez Fairphone, explique que “passer au cobalt recyclé ne suffit pas”. Les conditions de travail liées à l’extraction du cobalt en République Démocratique du Congo (RDC) sont dangereuses, voire inhumaines. C’est en cela que l’investissement et le soutien de la Fair Cobal Alliance, et plus généralement, des entreprises occidentales, sont indispensables pour créer un changement positif.
Sur le plan environnemental, l’extraction du cobalt est source de pollution de l’air, de l’eau, et des sols, contribuant à la dégradation des écosystèmes locaux. Les procédés miniers libèrent des métaux lourds et d’autres substances toxiques, menaçant la biodiversité et la santé des communautés locales. La gestion durable des résidus miniers et la réhabilitation des sites miniers sont des défis majeurs. C’est aussi un enjeu majeur pour les industries de la technologie et de l’énergie renouvelable. Cette demande croissante entraîne une hausse des prix et intensifie la compétition pour l’accès à ce métal stratégique, mettant en évidence les tensions géopolitiques associées à son approvisionnement.
Le rôle des consommateurs
Les entreprises de téléphonie et les fabricants de batteries sont de plus en plus conscients de leur responsabilité sociale d’entreprise et s’efforcent d’assurer la traçabilité et la durabilité de leur chaîne d’approvisionnement en cobalt. Cependant, la réalisation d’un secteur minier équitable et écologiquement durable nécessite une collaboration étroite entre les gouvernements, les industries, et les communautés locales.
Enfin, chacun d’entre nous, en tant que consommateur, a un rôle à jouer. Nous devons prendre conscience des conséquences de nos achats et l’industrie doit travailler à améliorer ses pratiques. Il est temps d’agir pour un avenir plus juste et durable. La voie vers une extraction responsable et équitable du cobalt exige de la transparence, de l’innovation, et un engagement solide de toutes les parties prenantes.