Depuis quelques années partout dans le monde il y a des initiatives pour limiter ou ou interdire l'utilisation des smartphones dans les écoles. L'interdiction des smartphones à l'école est une question qui est controversée. Ces mesures soulèvent des questions cruciales sur l’impact des téléphones sur l’éducation et le bien-être des jeunes.
Depuis 2018, l’utilisation des téléphones portables est interdite dans les écoles et collèges français pendant tout le temps scolaire, y compris dans la cour de récréation. Cette loi vise à limiter les distractions et à favoriser la concentration des élèves. En 2019, la communauté française de Belgique a interdit les smartphones dans les écoles primaires et maternelles. Les élèves du secondaire peuvent les utiliser à des moments précis et sous la supervision d’un enseignant. La Grèce a interdit les smartphones dans les écoles primaires et collèges en 2020. Les lycéens peuvent les utiliser pendant les pauses, mais pas en classe. Le Royaume-Uni n’a pas d’interdiction nationale, mais de nombreuses écoles ont mis en place leurs propres restrictions. Certaines écoles interdisent les smartphones pendant la journée scolaire, tandis que d’autres les autorisent à des moments précis ou pour des usages spécifiques. En Espagne, il n’y a pas de loi nationale sur l’utilisation des smartphones à l’école. Cependant, chaque région autonome a ses propres règles. La plupart des régions interdisent les smartphones en classe, mais certains les autorisent pendant les pauses ou pour des usages pédagogiques. Les Pays-Bas adoptent une position encore plus stricte avec tous les élèves de moins de 18 ans qui seront concernés par l’interdiction.
Récemment, le chancelier des écoles publiques de New York City, a récemment annoncé une initiative conjointe avec le maire visant à interdire l’utilisation des téléphones portables dans les écoles de la ville. Avec plus de 900 000 élèves concernés, cette mesure, qui pourrait entrer en vigueur dès janvier, vise à combattre une dépendance jugée préoccupante par les autorités scolaires.
Le cas de NY : une addiction inquiétante
« Les téléphones ne sont pas seulement une distraction, les enfants sont désormais complètement accros », a déclaré le chancelier lors d’une interview. Cette initiative fait suite à la décision du district scolaire unifié de Los Angeles de bannir l’utilisation des téléphones et des réseaux sociaux à partir de l’année prochaine. De plus en plus de parents, d’éducateurs et de décideurs s’inquiètent des répercussions des téléphones sur les performances académiques et la santé mentale des jeunes.
Les préoccupations à ce sujet ont été mises en lumière ce mois-ci lorsque le chirurgien général des États-Unis, Vivek Murthy, a exhorté le Congrès à imposer un avertissement sur les réseaux sociaux, citant les risques potentiels pour les enfants et les adolescents. « L’avertissement que je demande aiderait les parents à comprendre les risques associés à l’utilisation des réseaux sociaux », a déclaré Murthy à NPR.
L’usage des téléphones par les élèves : des chiffres parlants
Selon une étude de Common Sense Media, les jeunes âgés de 11 à 17 ans passent en moyenne près de 4 heures et demie par jour sur leurs téléphones. Une grande partie de ce temps est consacrée à des activités non éducatives durant les heures de cours. En effet, 97% des élèves utilisent leurs téléphones à l’école, pour une durée médiane d’environ 43 minutes par jour. Pour les enseignants, cette distraction constitue un obstacle majeur. Un tiers des enseignants du primaire au secondaire estiment que les téléphones perturbent sérieusement les cours, selon une enquête du Pew Research Center. Ce problème s’accentue avec l’âge des élèves : seulement 6% des enseignants du primaire voient les téléphones comme un problème majeur, contre 33% au collège et 72% au lycée.
Vers des écoles sans téléphones : une tendance croissante
Depuis l’interdiction des téléavertisseurs en 1989 dans le Maryland, les politiques sur les téléphones portables dans les écoles ont évolué, notamment après le massacre de Columbine en 1999 qui a poussé de nombreux districts à lever ces interdictions pour des raisons de sécurité. Toutefois, avec l’augmentation des préoccupations concernant les distractions et les dangers des réseaux sociaux, le balancier revient vers des restrictions plus strictes. Aujourd’hui, environ trois quarts des écoles américaines ont des politiques interdisant l’utilisation des téléphones en classe. La Floride a été le premier État à légiférer en ce sens en interdisant l’utilisation des téléphones en classe et l’accès aux réseaux sociaux sur les réseaux scolaires.
L’efficacité de ces interdictions varie. Une étude britannique de 2016 a montré une amélioration des résultats scolaires après l’interdiction des téléphones. En revanche, des recherches en Espagne et aux États-Unis ont présenté des résultats mitigés, notamment en ce qui concerne la cyberintimidation. Pour certains, interdire les téléphones risque d’amplifier les inégalités, notamment pour les élèves des milieux socio-économiques défavorisés qui dépendent de leurs téléphones pour accéder aux ressources éducatives. En 2015, New York avait déjà levé une interdiction similaire, consciente des implications.
L’interdiction des téléphones dans les écoles de New York pourrait marquer un tournant dans la gestion de la dépendance numérique des jeunes. Toutefois, une telle mesure ne saurait être une panacée. Une approche équilibrée et soutenue par une éducation sur l’usage responsable des technologies semble essentielle pour garantir des résultats positifs à long terme. En tout cas l’efficacité de ces interdictions et restrictions est encore débattue. Certains affirment qu’elles permettent d’améliorer la concentration des élèves et de réduire les distractions. En revanche, d’autres craignent qu’elles ne privent les élèves d’un outil éducatif précieux et qu’elles n’augmentent les inégalités.
Il est important de noter que la plupart des pays ayant mis en place des restrictions autorisent néanmoins l’utilisation des smartphones à des fins pédagogiques ou pour des raisons de sécurité.