Réguler les réseaux sociaux : une nécessité pour protéger la jeunesse US
Dans l'article ci-dessous Sam Hiner, un étudiant à l'UNC-Chapel Hill et cofondateur de la Young People's Alliance, soutient que l'instauration d'une réglementation est nécessaire pour tirer parti des médias sociaux. Il encourage l'adoption du Kids Online Safety Act, un projet de loi bipartite qui compte désormais 70 sénateurs comme coparrains aux Étas-Unis.
La promesse et les périls des réseaux sociaux
En tant que jeune utilisateur d’Instagram depuis l’âge de 11 ans, j’ai découvert les vastes opportunités offertes par les réseaux sociaux en matière d’éducation, d’art et de connexion. Ces plateformes sont devenues des lieux d’expression et de découverte, comparables à des musées virtuels où des créations modernes côtoient des œuvres intemporelles. Toutefois, cette évolution rapide n’est pas exempte de conséquences néfastes. Les réseaux sociaux, bien qu’ils favorisent la connexion, ont également des effets délétères sur la santé mentale des jeunes. Les algorithmes de recommandation, conçus pour maximiser l’engagement, exposent souvent les utilisateurs à des contenus qui nourrissent l’auto-dépréciation et la haine. Ces algorithmes incitent à des comportements addictifs, entraînant une isolation accrue et une obsession pour les comparaisons sociales malsaines.
L’utilisation excessive des réseaux sociaux peut avoir des conséquences sérieuses sur la santé mentale, en particulier chez les jeunes. La pression constante de se comparer aux autres et de maintenir une image parfaite peut intensifier l’anxiété et la dépression. La cyberintimidation prospère sur ces plateformes, exacerbant les préoccupations de santé mentale en amplifiant la portée des agresseurs et en rendant difficile l’évitement du harcèlement. Les inquiétudes persistent également concernant la protection des données personnelles, collectées par les médias sociaux à des fins commerciales et publicitaires, soulevant des préoccupations sur la manipulation potentielle des utilisateurs. Il est évident que les réseaux sociaux sont souvent utilisés pour propager des fausses informations et des théories du complot, sapant ainsi la confiance publique et impactant les processus démocratiques. Enfin, l’ingénierie des réseaux sociaux, conçue pour maximiser l’engagement, peut entraîner une dépendance et des comportements addictifs, affectant négativement le sommeil, les relations personnelles et la productivité des utilisateurs.
Quelque chiffres
- Environ huit adultes américains sur dix (83 %) déclarent avoir déjà utilisé cette plateforme basée sur la vidéo.
- La plupart des Américains (68 %) déclarent utiliser Facebook.
- Environ la moitié des adultes américains (47 %) déclarent utiliser Instagram. 78 % des 18-29 ans déclarent utiliser Instagram, un chiffre bien supérieur à celui des 65 ans et plus (15 %).
- 27 à 35 % des adultes américains utilisent Pinterest, TikTok, LinkedIn, WhatsApp et Snapchat.
- 65 % des adultes américains de moins de 30 ans déclarent utiliser Snapchat, contre seulement 4 % de la tranche d’âge la plus âgée.
Conséquences psychologiques et sociales
- Auto-dépréciation et comparaisons sociales : Les « likes » et les contenus d’influenceurs photoshopés créent une pression énorme sur les jeunes, les poussant à se comparer constamment.
- Conception addictive : Les fonctionnalités des réseaux sociaux sont intentionnellement conçues pour retenir les utilisateurs plus longtemps que souhaité, favorisant ainsi l’isolement.
- Amplification des pires impulsions : Des algorithmes exploitent les faiblesses humaines, conduisant à des troubles de l’alimentation et à des formes d’extrémisme.
La nécessité de réguler
Pour protéger les jeunes tout en préservant les avantages des réseaux sociaux, une réglementation s’avère indispensable. La Kids Online Safety Act (KOSA), introduite en 2022 par les sénateurs Richard Blumenthal et Marsha Blackburn, propose des mesures pour encadrer ces plateformes. KOSA vise à offrir une plus grande autonomie aux utilisateurs en leur permettant de désactiver les recommandations algorithmiques et de contrôler davantage leur expérience en ligne.
- Désactivation des recommandations algorithmiques : Les utilisateurs pourraient opter pour un flux chronologique, basé uniquement sur les comptes qu’ils suivent.
- Promotion de la communauté et des petites entreprises : En réduisant la dépendance aux algorithmes, les petites entreprises et les communautés locales bénéficieraient d’une visibilité accrue auprès de leurs abonnés.
- Protection des jeunes : Les modifications apportées à KOSA garantissent que la loi ne sera pas utilisée pour censurer des contenus spécifiques, notamment ceux liés aux communautés LGBTQ+.
Conclusion et perspective
Initialement, KOSA a suscité des inquiétudes quant à son potentiel de censure. Toutefois, après des consultations avec des organisations de défense des droits civils et des groupes de jeunes, des amendements ont été apportés pour dissiper ces craintes. Il est crucial de dépasser les arguments des lobbyistes qui prétendent que toute réglementation nuirait à Internet. Une régulation équilibrée pourrait transformer les réseaux sociaux en espaces plus sûrs et plus constructifs, permettant à notre génération de bénéficier pleinement des avantages de la technologie sans en subir les effets néfastes.
Les réseaux sociaux représentent un double tranchant pour la jeunesse. Bien qu’ils offrent des opportunités sans précédent, leurs effets délétères sur la santé mentale ne peuvent être ignorés. La KOSA, en cherchant à équilibrer ces dynamiques, pourrait être la clé pour maximiser les bénéfices tout en minimisant les risques, rendant ainsi les plateformes plus sûres et plus inclusives pour tous.
En Europe
En Europe, il n’y a pas un équivalent direct du Kids Online Safety Act des États-Unis, mais il existe plusieurs initiatives et réglementations visant à assurer la sécurité en ligne des enfants. Par exemple 57% des Français considèrent que le gouvernement n’en fait pas assez en la matière. Par exemple :
- Directive sur les services de médias audiovisuels (AVMSD) : Cette directive de l’Union européenne impose des règles spécifiques aux services de médias audiovisuels, y compris des protections pour les mineurs contre certains contenus.
- Règlement général sur la protection des données (RGPD) : Bien que non spécifiquement conçu pour la protection des enfants, le RGPD inclut des dispositions sur le consentement parental pour le traitement des données des enfants.
- Initiatives nationales et campagnes de sensibilisation : Les pays membres de l’UE mettent en œuvre diverses campagnes et programmes pour sensibiliser aux dangers en ligne et promouvoir la sécurité des enfants sur Internet.
- Travail au sein du Conseil de l’Europe : Le Conseil de l’Europe a élaboré plusieurs recommandations et rapports sur la protection des enfants en ligne, encourageant les États membres à adopter des mesures pour assurer la sécurité des jeunes utilisateurs d’Internet.