Publié le 22 février 2022, modifié le 23 février 2022.
Par La Rédaction

État des lieux du secteur crypto en France

Publié le 22 février 2022, modifié le 23 février 2022.
Par La Rédaction
Création : servicesmobiles

Création : servicesmobiles

L’ADAN, association pour le Développement des Actifs Numériques, accompagnée des équipes de KPMG France et d’IPSOS France, publie les résultats d’une étude nationale sur la crypto en France.

Les cryptos amènent une révolution dans l’échange de valeur sur internet. Elles permettent l’optimisation des solutions de paiement et des stratégies d’investissement dans la finance, améliorent la traçabilité des flux, redéfinissent la notion de propriété sur internet notamment pour les créateurs de contenu (artistes, jeux vidéo, etc.). Les cryptos devraient donc profondément altérer le monde numérique et financier. En novembre 2021, le nombre d’utilisateurs crypto dans le monde était estimé à 292 millions, soit une croissance de 275% par rapport au début de la même année. Aux Etats-Unis, 31 % des jeunes âgés de 18 à 29 ans affirment avoir déjà investi dans le secteur (16 pour l’ensemble de la population). Les années qui viennent pourraient bien voir le nombre global d’utilisateurs de cryptos dépasser la barre du milliard. Peut-être dès 2022 ?

L’ADAN a fait un état des lieux (70p) du secteur crypto en France, du niveau d’adoption au sein de la population adulte et émet des projections quant aux opportunités économiques associées au développement de l’industrie. Alors que ce secteur est en développement rapide, il est essentiel que les décideurs publics et les entreprises saisissent l’enjeu que la France peut être une place forte des cryptos. L’année 2021 a vu le marché des cryptos dépasser la barre des 2 000 milliards d’euros de capitalisation pour la première fois, ce qui le place devant la capitalisation de l’argent (métal précieux). Cette capitalisation représente la totalité de la valeur des cryptos en circulation, mais ne compte pas la valeur générée par les entreprises qui produisent des services dans cette industrie.

Le nombre d’utilisateurs de cryptos dans le monde était estimé à environ 130 millions en 2020. C’est équivalent au taux d’adoption d’Internet en 1997. Cette dynamique est également observée en France, où près de 1 français sur 12 (8 %) détient des cryptos en janvier 2022, avec une prévalence marquée chez les jeunes. Cette tendance va très probablement s’intensifier puisqu’en plus de ces détenteurs de cryptos, 30 % des Français déclarent qu’ils envisagent d’investir. L’étude montre que près de 4 français sur 10 seraient intéressés par des placements en cryptos si leur banque les leur proposait. D’autres secteurs sont concernés par l’émergence de cette industrie comme le secteur de la culture, et en particulier les jeux vidéo, première industrie culturelle, ou encore l’immobilier ou l’assurance.

Quelques chiffres

  • 77 % des Français ont déjà entendu parler des cryptomonnaies ou des NFT (15 %).
  • 8 % des Français ont déjà investi dans des cryptos ou des NFT, 49 % avec le Bitcoin.
  • Plus d’un Français de moins de 35 ans sur huit (12 %) possède des cryptos.
  • 76 % des investisseurs en crypto déclarent consacrer moins de 10 % de leur épargne globale à cette classe d’actifs.
  • La totalité des levées de fonds (monde) en 2021 dans le secteur crypto est estimée à minimum de 30,2 milliards de dollars.

Les freins

Deux obstacles majeurs, qui pourraient être levés afin de favoriser le développement de l’industrie sur le territoire.

Le premier obstacle identifié est l’image négative véhiculée dans le débat public, qui frôle parfois la désinformation. Les entreprises constatent unanimement que les décideurs publics ont une mauvaise opinion sur les cryptos, souvent liée à une connaissance parcellaire du sujet. Les discours et le traitement médiatique qui en sont fait ont un impact non négligeable sur la projection à long terme des entrepreneurs ainsi que sur la perception générale du sujet par le grand public. Cette étude en fait la démonstration de manière criante : plus de la moitié des Français pensent que les cryptos sont des outils privilégiés par les criminels pour réaliser des activités illicites. Toutefois, la réalité démontre le contraire : les cryptos ne sont que très marginalement utilisées pour des activités frauduleuses, en proportion (0,15 % du total des transactions) comme en valeur (12,5 milliards d’euros au niveau mondial), selon diverses sources comme Chainalysis ou Europol. La perception des Français est donc massivement affectée par les discours politiques et médiatiques sur le sujet, ce qui contribue à freiner le développement de l’écosystème français.

Raisons de non-investissement dans la <a title="cryptomonnaie" href="https://www.servicesmobiles.fr/cryptomonnaie">cryptomonnaie</a>

Raisons de non-investissement dans la cryptomonnaie

Le second obstacle, de taille, au développement des acteurs crypto se situe au niveau de leurs relations avec les établissements bancaires français. Que ce soit pour des raisons culturelles, économiques, stratégiques, ou de politique interne au sein des établissements, nombreuses sont les entreprises cryptos qui peinent, voire échouent, à obtenir un accès à des services de dépôt et de paiement qui leur permet d’exercer leur activité dans des conditions classiques. Malgré l’existence d’un droit au compte et la réaffirmation de ce droit dans la loi PACTE lorsque l’entreprise a obtenu un enregistrement PSAN, le blocage persiste. Les discussions autour de mesures réglementaires avancées à venir semblent ironiques pour certains acteurs, dans la mesure où une partie substantielle d’entre eux n’arrivent toujours pas à ouvrir de compte bancaire et insistent sur le caractère prioritaire de la résolution de cette problématique.

Le rapport donne l’exemple de la Société Générale, reconnue généralement comme l’une des banques les moins fermées aux cryptos, qui gagne 3 points de part de marché (13 %) sur le segment de clientèle des investisseurs en cryptos, soit 30 % de plus que leur part dans l’ensemble des Français (10 %). Étant donné le profil des détenteurs de cryptos (jeunes, CSP+…), les banques ont tout intérêt à ne pas négliger cette génération de clients.

Opportunités à saisir

L’écosystème crypto français est bouillonnant (près de 600 projets identifiés) et a déjà mené à la création d’acteurs reconnus mondialement, à l’image de Sorare ou de Ledger, licornes françaises valorisées respectivement à 3,8 milliards d’euros et 1,2 milliard d’euros. Cette étude a permis de dresser un panorama des 29 entreprises cryptos françaises parmi les plus importantes, qui ensemble emploient plus de 1 129 salariés, dont 85 % en France, et ont levé 1,2 milliard d’euros. Au moins 12 levées de fonds sont attendues de leur part en 2022 et 2023.

D’ici janvier 2023, ces mêmes entreprises prévoient une croissance de leurs effectifs de 120 %. Elles ont de nombreux postes ouverts et connaissent des difficultés à recruter, notamment des profils techniques, mais également sur des fonctions supports ou non-techniques. Cela permet de projeter que, dès l’année prochaine, l’industrie crypto française représentera 2 500 emplois.

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