App Store : la loi texane qui pourrait changer les règles dans le monde entier

Image d'illustration. Adolescent et tiktokADN
La nouvelle loi du Texas impose à Apple un contrôle parental renforcé. Une mesure locale aux conséquences mondiales, qui pourrait rebattre les cartes de la régulation numérique et de la vie privée partout ailleurs.
Tl;dr
- Apple adapte l’App Store aux lois texanes sur l’âge.
- Dès 2026, contrôle parental renforcé pour les moins de 18 ans.
- Des exigences similaires arrivent en Utah et Louisiane.
Une nouvelle réglementation texane impose à Apple un virage majeur
Dès le 1er janvier 2026, Apple devra modifier en profondeur le fonctionnement de son App Store au Texas. La raison ? Une loi locale impose désormais la vérification de l’âge pour toute création de compte, poussant la firme de Cupertino à revoir ses procédures. Si, jusqu’ici, la simple déclaration d’âge suffisait, la nouvelle législation exige que tout nouvel utilisateur précise s’il a plus de 18 ans. Pour les mineurs, impossible d’avancer seul : ils devront intégrer un groupe Family Sharing, sous supervision parentale stricte.
Des conséquences pour les développeurs… et les parents
Ce bouleversement ne touche pas uniquement les utilisateurs finaux. Les éditeurs d’applications se voient eux aussi dans l’obligation d’adapter leurs outils. Déjà présente, l’API « Declared Age Range » de Apple sera prochainement mise à jour afin d’intégrer les nouvelles catégories d’âge exigées par la loi texane. D’autres interfaces programmatiques, attendues dans l’année, permettront également aux développeurs de demander à nouveau le consentement parental si leur application subit une évolution majeure.
Côté familles, la donne change radicalement : tout mineur souhaitant télécharger une appli ou effectuer un achat intégré devra obtenir l’accord explicite d’un parent ou tuteur. Cette disposition vise, selon les autorités texanes, à mieux protéger les jeunes face aux risques numériques.
Des mesures similaires prévues ailleurs aux États-Unis
Le Texas n’est pas isolé dans cette démarche. Des textes comparables entreront prochainement en vigueur en Utah et en Louisiane. À cet égard, Google a lui aussi déjà communiqué sur son intention d’accompagner ses développeurs dans l’adaptation du Google Play Store à ces nouveaux impératifs réglementaires.
Voici, concrètement, ce qui attend les utilisateurs et développeurs :
- Nouvelles vérifications systématiques de l’âge à l’inscription.
- Consentement parental requis pour chaque action sensible des mineurs.
- Mises à jour techniques obligatoires pour toutes les applications concernées.
Tensions persistantes entre acteurs technologiques et législateurs
Il faut souligner que ces obligations ne font pas l’unanimité chez les géants du secteur. Le directeur général d’Apple, Tim Cook, aurait tenté d’infléchir le gouverneur Greg Abbott sur certains aspects du projet de loi SB2420. Dans une communication officielle diffusée aujourd’hui, la marque exprime une forme de réserve : « While we share the goal of strengthening kids’ online safety, we are concerned that SB2420 impacts the privacy of users by requiring the collection of sensitive, personally identifiable information to download any app, even if a user simply wants to check the weather or sports scores. »
Un débat qui ne fait sans doute que commencer autour des contours de la protection des mineurs… et de la préservation des données personnelles.
Effet domino à l’international
La nouvelle loi texane SB2420, qui impose à Apple de renforcer la vérification de l’âge et d’exiger le consentement parental pour les mineurs, pourrait avoir des répercussions bien au-delà des États-Unis. D’abord, cette régulation locale crée un précédent : d’autres juridictions, notamment en Europe ou en Asie, pourraient s’en inspirer pour durcir à leur tour leurs exigences en matière de protection des mineurs en ligne. Ensuite, les géants de la tech, pour des raisons de cohérence technique et juridique, préfèrent souvent appliquer une même politique à l’échelle mondiale. Apple pourrait donc généraliser ces restrictions à d’autres marchés.
Mais cette uniformisation soulève des inquiétudes : la collecte de données sensibles pour vérifier l’âge (pièces d’identité, statut familial) pourrait entrer en contradiction avec les législations locales sur la protection des données, comme le RGPD en Europe. Enfin, cette évolution pourrait attiser les tensions entre gouvernements et grandes plateformes numériques, chaque partie défendant des visions différentes de la régulation du numérique. Au final, la législation texane marque peut-être le début d’un changement global dans la gouvernance des écosystèmes numériques, à la croisée de la protection de l’enfance, de la vie privée et de la souveraineté numérique.