200 milliards investis par les titans US du numérique dans l’IA
Le Monde rapporte que quatre géants du numérique aux États-Unis envisagent de placer 200 milliards de dollars dans des serveurs dédiés à l'IA en 2024. Cette somme, représentant un tiers des dépenses annuelles de l'économie française, suggère une prédominance de l'IA face à des domaines vitaux tels que l'énergie, les transports ou l'habitat. Cela amène à se demander : l'Europe devrait-elle suivre cette tendance d'investissement massif dans le domaine numérique ?
L’intelligence artificielle (IA) transforme rapidement le paysage des centres de données, en stimulant la demande de puissances de calcul et de stockage de données toujours plus importantes. Pour répondre à cette demande croissante, les entreprises et les gouvernements du monde entier investissent massivement dans le déploiement de centres de données spécialisés dans l’IA. Selon une information révélée par le journal Le Monde, quatre grandes entreprises américaines spécialisées dans l’univers numérique ont prévu d’investir un total de 200 milliards de dollars en 2024 dans le pied de support de l’intelligence artificielle : les serveurs.
Tendances clés en matière de déploiement de centres de données pour l’IA
- Augmentation de la demande en puissance de calcul : Les algorithmes d’IA complexes nécessitent des quantités massives de puissance de calcul pour s’entraîner et fonctionner. Cela entraîne une demande croissante en centres de données dotés de processeurs et de cartes graphiques puissants.
- Besoins en stockage de données massifs : Les ensembles de données d’IA peuvent être volumineux et complexes, nécessitant de vastes capacités de stockage pour les héberger. Les centres de données pour l’IA doivent donc offrir des solutions de stockage évolutives et efficaces.
- Edge computing : De plus en plus d’applications d’IA nécessitent un traitement en temps réel des données, ce qui entraîne l’adoption croissante du edge computing. Les centres de données de périphérie sont des centres de données plus petits situés à proximité des sources de données, ce qui permet de réduire la latence et d’améliorer les performances des applications d’IA.
- Adoption de l’IA pour l’optimisation des centres de données : L’IA est également utilisée pour optimiser les opérations des centres de données, en améliorant l’efficacité énergétique, en prédisant les pannes et en automatisant les tâches de gestion.
Voir, la répartition des 50 plus grands datacenters en 2023, aujourd’hui, on estime qu’il y a plus 8 000 centres de données dans le monde. Dans un post sur Linkedin, Carbone 4 fait le point sur cette annonce.
Un choix qui suscite des interrogations
Cette somme, correspondant à peu près à un tiers du total des investissements annuels de l’économie française, soulève des questions quant à son utilisation. Le redéploiement de cet argent dans d’autres secteurs de l’économie pourrait-elle servir à d’autres fins essentielles ? L’investissement massif dans la création d’images et de vidéos artificielles, ou l’amélioration des processus de recherche et de traitement de l’information, par exemple, mérite-t-il une telle somme ?
L’IA, une priorité controversée
D’autre part, cette affectation massive de ressources vers des applications numériques spécifiques peut signifier que certaines ressources matérielles, humaines et temporelles ne seront plus disponibles pour d’autres domaines. Par exemple, le secteur numérique préconise l’affectation prioritaire des nouvelles sources d’électricité à faible émission de carbone à leur profit. Ces ressources ne seront donc plus disponibles pour électrifier d’autres usages, tels que des véhicules ou des habitations.
Vers une régulation des ressources énergétiques ?
La question se pose alors : vaut-il mieux avoir du Chat GPT dans une voiture fonctionnant encore à l’essence, qu’un véhicule électrique dépourvu de Chat GPT ? Peut-on réellement compter sur les entreprises dominantes pour décider de limiter leur activité ? Si la collectivité souhaite que l’électricité décarbonée soit prioritairement utilisée pour la mobilité, l’industrie de base ou le logement, elle doit explicitement empêcher d’autres usages de s’approprier ces sources. Mais devant une telle situation, l’Europe est-elle obligée de suivre le modèle américain ? Les prochaines années nous le diront.