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Le métavers a été l’un des principaux sujets de discussion lors du Forum économique mondial (FEM) 2022 en juin. Les experts ont prédit que le métavers serait utile dans divers domaines, notamment dans les opérations médicales et de sauvetage, où il est parfois impossible pour les humains d’effectuer des tâches en personne, et où une installation de réalité virtuelle peut être d’une aide précieuse.
Mais plusieurs gouvernements nationaux vont beaucoup plus loin et envisagent déjà d’offrir des villes métavers, certains partisans demandant même aux Nations Unies de la réglementer. Lors du Forum économique mondial, le ministre d’État à l’intelligence artificielle des Émirats arabes unis (EAU), Omar Sultan Al Olama, a mis en garde contre la possibilité de “cyber-meurtre”, un acte de violence mortelle virtuelle dirigé contre l’avatar d’une autre personne. Le ministre Al Olama a estimé que le cyber-meurtre pourrait être une expérience traumatisante pour les utilisateurs, qui considèrent la violence perpétrée contre leur personnage virtuel comme une extension d’eux-mêmes.
En conséquence, le ministre a plaidé pour établir des normes internationales de conduite et de sécurité afin d’interdire aux utilisateurs de commettre des meurtres dans le métaverse, quel que soit l’endroit où les utilisateurs vivaient. En réponse, plusieurs militants des droits de l’homme ont qualifié la proposition d’hypocrite et de tentative voilée des Émirats arabes unis de censurer les discours dissidents. “Le but de cette déclaration n’est pas de combattre le crime, mais une introduction à la censure des métavers. Ils utilisent des logiciels espions sous prétexte de lutter contre le terrorisme, a déclaré le directeur du Centre de défense des droits des détenus des Émirats, Hamad Alshamsi. Il est possible que cette proposition crée des externalités négatives en détournant les ressources limitées de la communauté internationale de la résolution de problèmes plus immédiats et tangibles.
Le 29 septembre, le ministère de l’Économie des Émirats arabes unis a annoncé via Twitter qu’il avait créé le premier “bureau métavers” parrainé par l’État pour accueillir des réunions officielles et signer des déclarations d’accord.
https://twitter.com/Economyae/status/1575499156944457729?s=20&t=_RwZx30emfQiFCvF86CrGA
Le ministère a décrit le bureau du métavers comme “un environnement immersif où les gens peuvent se promener, obtenir leurs jetons, interagir avec les autres et profiter des services [du ministère de l’Économie]”. Plus récemment, ce mois-ci, les Émirats arabes unis ont lancé Sharjaverse, la première ville métavers au monde accessible au public et soutenue par le gouvernement qui soutiendra l’industrie touristique locale. Sharjah est le deuxième émirat le plus peuplé des Émirats arabes unis avec environ 1,8 million d’habitants. Alors que Sharjah est moins connue que Dubaï, le Sharjaverse rend la ville accessible aux gens du monde entier via la réalité virtuelle. Sharjaverse a été conçu par Multiverse Labs en collaboration avec la Sharjah Commerce & Tourism Development Authority (SCTDA). La ville comprend un “Virtual Transaction Center” où les utilisateurs peuvent interagir avec les agents du service client pour traiter les documents officiels des services de l’État et recevoir des informations sur le Département de l’urbanisme et de l’enquête de Sharjah.
Les responsables de l’État prévoient que cette nouvelle plateforme contribuera à stimuler l’économie numérique du pays et l’industrie touristique locale. Le tourisme virtuel à Sharjahverse offrira un accès sans précédent à presque n’importe quel endroit, des expériences client personnalisées et un divertissement amélioré, a déclaré Khalid Jasim Al Midfa, président de la SCTDA dans une interview avec Tech Wire Asia. De plus, pour aider à mesurer la croissance économique dans le métavers, le ministre des Émirats arabes unis, Omar Al Olama, a annoncé lors de l’Assemblée du métavers de Dubaï que le gouvernement développait une nouvelle métrique, appelée “produit brut du métavers”. Ce produit sera capable de créer des milliards de dollars de retours depuis Dubaï sans que les gens soient physiquement dans l’émirat, mais en fassent l’expérience dans le métavers. Les secteurs auxquels la métrique sera appliquée incluent le tourisme, l’éducation, la vente au détail, l’immobilier et le gouvernement. La stratégie Dubai Metaverse vise à créer 40 000 emplois et à ajouter 4 milliards de dollars à l’économie de l’émirat au cours des cinq prochaines années.
Dans le cadre du programme Digital New Deal de la Corée du Sud, le gouvernement a promis environ 177,1 millions de dollars pour financer des projets de développement de métavers. L’un des objectifs de cette initiative est de permettre aux Sud-Coréens d’utiliser leur avatar numérique comme passeport pour recevoir des services et des ressources de l’État. Le 15 septembre, le ministère sud-coréen des Sciences et des TIC (MSIT) et le Comité national de la politique des données ont publié un communiqué de presse indiquant qu’ils élaboreraient des modifications réglementaires spécifiques au métaverse. Ces modifications devraient résoudre des problèmes tels que la manière de protéger les mineurs sud-coréens contre le harcèlement sexuel en ligne – par exemple, en 2021, les autorités sud-coréennes ont signalé qu’un homme sud-coréen de 30 ans avait falsifié son âge et attirait des mineurs sur le métavers pour leur envoyer des images inappropriées en échange de cadeaux métaverse. Pour faire face à ces risques de sécurité, le vice-président de la Commission coréenne des communications a récemment entamé des discussions avec Meta sur la manière de protéger les mineurs en ligne.
Le MSIT de Corée du Sud a récemment publié un ensemble de directives éthiques qui mettent l’accent sur trois piliers : la promotion de l’expression de l’utilisateur, le plaisir en toute sécurité et la prospérité durable. Le MSIT estime que l’expansion de la Corée du Sud dans le métaverse totalisera 140 millions de dollars.
Le gouvernement chinois investit dans le développement d’une plate-forme de métavers approuvée par l’État. Les autorités chinoises locales dans des provinces comme Shanghai, Hangzhou, Wuhan et Hefei ont proposé d’intégrer et de développer le métavers pour accélérer et promouvoir la croissance numérique et l’industrie dans leurs rapports d’activité gouvernementaux. Cependant, certains responsables de la Banque populaire de Chine craignent que le métaverse et les crypto-monnaies ne conduisent à une augmentation des programmes de criminalité et de blanchiment d’argent. Le directeur de l’unité de lutte contre le blanchiment d’argent de la Banque populaire de Chine, Gou Wenjun, a proposé de surveiller les NFT et le métavers lors du sommet de l’État sur la sécurité financière en 2021. Les efforts pour développer prudemment une plate-forme dite Chinaverse se poursuivent. L’International Data Corporation estime que d’ici à 2025, environ 37 millions d’utilisateurs chinois en ligne auront une identité virtuelle pour y naviguer.
Difficile de se projeter dans ce type de projet piloté pas les gouvernements qui ne sont pas connus pour avoir réussi leur transformation dans le Web2. Nous avons publié il y a quelques mois, deux visions qui permettent d’entrevoir le futur du métavers par les entreprises privées 🙂 L’une, c’est l’interview du créateur de Second Life, métavers créé en 2003 qui a une vision du métavers qui contraste fortement avec la stratégie de Facebook sur le sujet. La deuxième montre les défis et notamment le fait d’avoir la quantité de calcul requise !
À l’avenir, la valeur de marché attendue du métavers pourrait atteindre 758,6 milliards de dollars d’ici à 2026, selon une étude commerciale réalisée en 2022 par Ernst & Young. Pourquoi ces états construisent un métavers ? Je doute que cela soit pour rendre épanouie l’humanité, mais plutôt pour la plupart de contrôler davantage les usages de leurs habitants, ce qui sera puissance 10 par rapport aux usages sur le Web2. Thierry Breton, commissaire européen au marché intérieur, a présenté aussi un plan en trois étapes autour des ambitions du métavers du continent, tout en annonçant le lancement d’une coalition VR et AR pour encourager les investissements dans le secteur, mais avec une vision éthique en protégeant les droits fondamentaux.