Publié le 4 mars 2022, modifié le 4 mars 2022.
Par Christophe Romei

[MWC22] L’économie circulaire selon la GSMA

Publié le 4 mars 2022, modifié le 4 mars 2022.
Par Christophe Romei

Garder un combiné téléphonique pendant une année supplémentaire peut réduire son impact CO2e à vie jusqu'à 29 %. Actuellement, l'économie mondiale, y compris le secteur des TIC, n'est circulaire qu'à 8,6 %.

Le concept d’économie circulaire est un modèle de transformation pour réutiliser les produits, pièces, composants et matériaux dans des cycles de production successifs pour réduire déchets et pollutions. Il cherche à changer la façon dont l’humanité regarde les biens que nous utilisons pour que finalement rien ne devienne un déchet ; tout semble conserver une certaine valeur. L’inspiration de l’économie circulaire, c’est le monde naturel où les êtres vivants qui naissent, grandissent, déclinent et meurent, puis leurs restes sont utilisés comme nourriture pour d’autres organismes.

Les avantages de l’économie circulaire et sa nécessité sont indéniables. Plus que jamais, la planète et ses habitants doivent réduire l’utilisation des ressources et passer à des modèles commerciaux plus durables. Cela s’applique également à l’industrie des télécommunications et à ses équipements de réseau. Avec les changements technologiques rapides et les comportements des clients qui les accompagnent, les cycles de vie sont raccourcis, ce qui entraîne une plus grande production et une augmentation des déchets. La création de valeur durable n’est plus possible sans une transition vers un modèle d’économie circulaire où la performance et la durabilité vont de pair. Cela touchera du consommateur avec son smartphone aux infrastructures qui font marcher les réseaux des opérateurs. D’ailleurs, la NGMN Alliance a publié un rapport sur le futur des réseaux verts et de l’éco-conception des équipements réseaux. Mais selon Huawei, si vous examinez l’ensemble du cycle de vie des équipements de réseau, seuls 2 % de ses émissions de carbone sont générées lors de la fabrication, tandis que 80 à 95 % sont générées lors de l’utilisation. Huaweu propose donc que la clé de la réduction des émissions de carbone de l’industrie des TIC est l’adoption de technologies innovantes pour améliorer l’efficacité énergétique.

Une recherche publiée par la GSMA pour la COP26 à Glasgow, basée sur la modélisation du Carbon Trust, a montré que la connectivité mobile peut permettre jusqu’à 40 % des réductions de carbone requises nécessaires d’ici à 2030 dans quatre secteurs clés : les bâtiments, l’énergie, les transports et l’industrie manufacturière.

Garder un combiné téléphonique pendant une année supplémentaire peut réduire son impact CO2e à vie jusqu’à 29 %. L’achat d’un smartphone remis à neuf permet d’économiser environ 50 kg d’équivalent CO2, soit 20 % ou moins que l’équivalent d’un smartphone nouvellement fabriqué, et évite d’avoir à extraire 164 kg de matières premières. De plus en plus d’opérateurs ont rejoint le Circular Electronics Partnership, qui rassemble des leaders de toute la chaîne de valeur pour proposer des solutions de circularité pour l’électronique. Autre initiative des opérateurs, c’est un nouveau système d’étiquetage pan-industriel Eco Rating pour aider les consommateurs à identifier et comparer les téléphones mobiles les plus durables et encourager les fournisseurs à réduire l’impact environnemental de leurs appareils.

En octobre 2021, Orange a signé un premier accord avec Nokia, aux termes duquel le constructeur s’engageait à augmenter la part des équipements reconditionnés dans son offre de produits RAN. Depuis 20 opérateurs de la GSMA ont fait des recommandations, malgré les nombreux défis, des progrès peuvent être réalisés avec ces neuf recommandations clés dans un livre blanc :

  • Garder l’équipement actuel avec une utilisation plus longue
  • Partager le réseau et son infrastructure
  • Développer la sensibilisation sur l’économie circulaire à travers l’industrie
  • Avoir les mêmes considérations dans les propositions commerciales
  • Créer des KPI communes avec des lignes directrices
  • Repenser l’entreprise relation de soutien réutilisation
  • Améliorer la réglementation écosystème en faveur des opérations circulaires
  • Créer et interconnecter les places de marché
  • Assurer l’efficacité énergétique est une priorité dans les équipements réseau

Orange

Soucieux de ses engagements RSE et surtout de son objectif d’être Net Zéro Carbone d’ici à 2040, Orange déploie depuis deux ans son programme OSCAR (Orange Sustainable and Circular Ambition for Recertification). L’ambition du Groupe est de mettre l’économie circulaire au cœur de ses réseaux d’infrastructures, et d’inciter ses parties prenantes et autres acteurs télécoms à leur emboîter le pas. Jusqu’à présent, les fabricants de réseaux ont eu tendance à se tourner vers de nouveaux produits sur le marché, tout comme les gens le font lorsqu’ils veulent remplacer leurs smartphones. Mais des changements culturels peuvent se produire et se produisent, et il y en a un en ce moment même dans le cœur de métier du Groupe. En effet, l’économie circulaire est déjà une réalité dans certains métiers, grâce notamment à la collecte en magasin des téléphones portables. OSCAR est un vaste programme de transformation visant à réduire l’empreinte environnementale des équipements de réseau. Son objectif est d’encourager les équipes à acheter du matériel reconditionné dans la mesure du possible, plutôt que d’opter automatiquement pour du matériel neuf. Les équipements réseau sont responsables de 30 % de nos émissions de Scope 3. Notre objectif est de réduire ces émissions de 14 % entre 2018 et 2025.

Orange a présenté sur le MWC les résultats d’une étude menée par des experts internes comme preuves concrètes sur ce point. Le principe de base est une carte d’équipements réseau, fabriquée en Asie et expédiée en France pour utilisation. Si l’on attribue à cet équipement de référence un chiffre de 100 pour l’efficacité énergétique, le même équipement sous forme reconditionnée aura un chiffre de 90. Les gains sont encore plus impressionnants en ce qui concerne l’empreinte de ses matières premières, puisque le reconditionné en matériel atteindra le chiffre de 55 (contre 100 pour les nouveaux appareils). Ces écarts, en particulier en termes d’énergie, peuvent sembler faibles, mais ils doivent être compris en termes d’échelle, nous parlons de dizaines de milliers d’équipements.

Vodafone

Vodafone a lancé une initiative lors du MWC : prolonger la durée de vie des téléphones mobiles et garantir que davantage de combinés sont réutilisés ou recyclés. Cela aidera l’industrie mobile à évoluer vers une économie circulaire qui minimise les déchets et réduit davantage les émissions de carbone ! À partir du printemps 2022 sur les marchés européens, les clients de Vodafone se verront proposer une suite complète et pratique de services, y compris l’assurance, l’assistance et les réparations pour leurs appareils. Vodafone lancera une nouvelle plate-forme numérique permettant aux clients de convenir facilement d’options d’échange pour leurs téléphones existants. Vodafone et Recommerce ont annoncé aujourd’hui un partenariat stratégique pour la reprise en gros et la gestion d’actifs, permettant à la plus grande clientèle européenne de smartphones de bénéficier d’appareils d’occasion de haute qualité au détail. Plus de 50 000 tonnes de CO2e pourraient potentiellement être évitées pour chaque million de smartphones que Vodafone reçoit par échange, qui sont ensuite remis à neuf et revendus.

Pour montrer la valeur de l’économie circulaire à travers une action marketing, Vodafone a réalisé une sculpture de feuilles entièrement à partir de téléphones recyclés.

Vodafone s’est aussi engagé à réutiliser, revendre ou recycler 100 % de ses déchets de réseau d’ici à 2025. Pour y parvenir, Vodafone a mis en place des programmes d’efficacité des ressources et de gestion des déchets sur tous les marchés afin de minimiser l’impact environnemental des déchets de réseau et des équipements informatiques redondants. Vodafone exploite un marché d’actifs interne qui encourage ses marchés à revendre et à réutiliser les stocks excédentaires ou les gros articles électriques mis hors service comme les mâts et les antennes, avec des résultats montrant un impact carbone inférieur de 89 % pour les équipements réutilisés par rapport à l’achat de nouveaux équipements.

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