Monnaies, banques et finance : vers une nouvelle ère crypto
Voici un rapport de 192 pages sur les enjeux de souveraineté et de compétitivité économique, financière et monétaire
Combien de rapports au fil des 40 dernières années ont été écrits sur le futur ? Le démarrage des technologies comme le minitel, le Web 1,2,3 n’ont pas besoin de rapports qui ne sont de toute façon pas souvent lus par ceux qui entreprennent. Je me rappelle avoir travaillé pour le fondateur Rafi Haladjian de FranceNet, devenu Fluxus, belle entreprise avec ses hauts et ses bas qui a créé le hosting du Web de la plupart des plates-formes comme LaRedoute, Redcats, Carrefour, Banque Directe, EuropAweb, L’Oreal… Je n’ai pas le souvenir que l’on a soutenu cette startup pendant le krach de 2000 pour en faire un fleuron français du Web, elle a été rachetée par l’opérateur anglais BT ! Pourtant, à l’époque, il y avait de nombreux rapports sur le devenir du Web…
Le rapport démarre en montrant dans un avant-propos que la nouvelle ère financière qui s’ouvre transformera irrémédiablement notre ordre monétaire et économique mondial. Plus que jamais, derrière la course technologique à l’innovation financière se jouent les rapports de force monétaires de demain. Par essence, l’Europe joue sa place dans le monde du XXIᵉ siècle, ainsi que sa capacité à faire valoir sa future souveraineté étatique. À vouloir réguler des acteurs économiques qui n’existent pas ou qu’elle n’a pas su créer sur son territoire, l’Europe aura toutes les chances de rester à quai et de subir la domination des géants américains et chinois.
Le rédacteur Pierre Person, député de Paris, rappelle que les échecs actuels en la matière, nous les devons à une absence de politiques visionnaires ainsi qu’à l’action de technocrates zélés qui ne vivent que dans le monde de la norme, censé contrer le risque. La technologie n’a pas, intrinsèquement, d’appartenance politique. Seuls les usages et la façon dont elle est réglementée conduisent à colorer cette dernière. La blockchain n’y déroge pas. Ainsi, il est possible d’être étatiste, fervent défenseur de la souveraineté de l’État Nation, et défenseur des MNBC (monnaie numérique de banque centrale) ou, à l’inverse, d’être un libertarien, fervent Bitcoiner maximaliste, héraut de la décentralisation bancaire. Le moment venu, lorsque les usages seront matures, il sera temps de prendre position collectivement et de préciser comment les usages issus de cette technologie devront être régulés. Toutefois, ce ne pourra être qu’au terme de leurs développements et de leur démocratisation. Réguler TCP/IP n’aurait eu aucun sens, réguler la technologie blockchain en elle-même est à la fois une erreur et un objectif illusoire.
En 2022, se créent, sous nos yeux, les futurs actifs qui permettront demain le financement de l’économie réelle, le développement des places de marchés décentralisées plus accessibles et plus transparentes, l’émergence des nouvelles monnaies centrales et des banques commerciales autonomes. La finance sera directement 3.0. Pas simplement numérique, car elle l’est déjà, mais décentralisée avec tous les défis, les risques et les opportunités que cela pourra engendrer. Toutefois, si « l’imagination est un avant-goût de ce que la vie nous réserve », la volonté politique est nécessaire. À l’heure d’écrire ces lignes, le constat est simple. Nous en manquons.
Le rapport passe en revue 4 thèmes :
- La décentralisation financière, une nouvelle donne en matière de régulation
- Un nouveau rapport à la valeur
- Souveraineté monétaire : entre rupture et continuité
- La finance numérique de demain