Doomscrolling : repenser la relation entre individus et médias sociaux
Un expert compare la pratique du doomscrolling à une situation où l'on se retrouverait dans une pièce où tout le monde hurle constamment, et affirme que les médias doivent repenser la présentation des actualités. Face à cette réalité, comment pouvons-nous changer notre consommation de nouvelles ?
La navigation effrénée en ligne, est un vecteur de mal-être ! En période de crise et d’incertitude, certains d’entre nous sont plus attentifs à l’actualité, à la recherche de réponses. Et cela ne vous surprendra peut-être pas, mais nous devons le dire : beaucoup de nouvelles sont mauvaises, le pain des médias ! Et pourtant, nous continuons à faire défiler, à lire article après article, incapables de nous détourner des informations qui nous dépriment. L’acte de scroller inlassablement sur nos téléphones peut-il nous plonger dans une crise existentielle ? Cette interrogation a fait l’objet d’une étude menée par une équipe d’experts internationaux, dont les résultats ont été publiés dans le Journal of Computers in Human Behavior Reports.
Un échantillon essentiellement étudiant
L’enquête a porté sur 800 étudiants universitaires américains et iraniens. Il en ressort que « le doomscrolling », soit le fait de consommer largement des informations négatives en ligne, est associé à des sentiments de détresse existentielle, de méfiance, de suspicion envers autrui et de désespoir.
L’auteur principal de l’étude, Reza Shabahang, chercheur à Flinders University, précise que cette consommation abusive de nouvelles négatives constitue une « source de traumatisme indirect« , les personnes subissant un impact négatif sans pour autant être sujettes au traumatisme directement.
Des conséquences psychologiques significatives
Une exposition constante à ces nouvelles défavorables provoque des pensées allant dans le sens de la vulnérabilité de la vie humaine, de notre solitude fondamentale, et de la perte de contrôle sur nos propres vies. Pour les étudiants iraniens spécifiquement, le doomscrolling est lié à la misanthropie, une méfiance profonde et un rejet de l’humanité. Les auteurs de l’étude ont formulé l’hypothèse que cette consommation d’informations négatives renforce l’idée d’une humanité imparfaite et d’un monde où règne l’injustice.
Cependant, l’échantillon d’étudiants servant à cette recherche a été jugé « pratique » par les chercheurs eux-mêmes, signifiant qu’ils ont été choisis pour leur disponibilité, et non pour leur représentativité. Ils précisent que « la taille de cet échantillon n’est pas propice pour tirer des conclusions claires concernant la nature de cette association« .
Pour une réinterprétation des nouvelles présentées
Les répercussions de l’usage des réseaux sociaux sur la santé mentale a récemment fait l’objet d’un plaidoyer conjoint des organisations de santé mentale ReachOut, Beyond Blue et le Black Dog Institute. Georgie Harman, la PDG de Beyond Blue, a appelé les plateformes de médias sociaux à agir pour atténuer les impacts négatifs, estimant que la responsabilité « ne peut être portée uniquement sur les seuls utilisateurs« .
Les lecteurs déclarent souhaiter avoir une part de contrôle sur les contenus proposés. Aussi, le média se doit de repenser sa manière de présenter les actualités, pour éviter des effets délétères sur la santé mentale des utilisateurs.