Publié le 13 mai 2014, modifié le 1 décembre 2014.
Par La Rédaction

Déclin du modèle des MVNO, vive le full MVNO

Publié le 13 mai 2014, modifié le 1 décembre 2014.
Par La Rédaction

Tribune de Pascal Prot, Directeur Technique & Président de Legos qui deviendra en avril 2014 le premier full MVNO à proposer ses services de téléphonie fixe et mobile en « marque blanche » aux marques professionnelles et grand public.

Le secteur des télécoms est celui qui a fait face aux plus nombreux bouleversements et (r)évolutions tous secteurs confondus depuis le début des années 80 »,

En conséquence, il n’est pas étonnant de voir se poursuivre ces mutations, comme l’ouverture du marché des télécommunications fixes en 1998, marquant la fin du monopole de l’opérateur historique ou plus récemment l’arrivée de MVNOs (Mobile Virtual Network Operator) sur le marché résidentiel et enfin la course à l’innovation initiée ces dix dernières années par le jeu concurrentiel des nouveaux opérateurs alternatifs et des acteurs Over-The-Top (OTT), dont Microsoft, Google ou Facebook.

Suite à l’annonce du rachat début avril 2014, de l’opérateur SFR par ALTICE holding hébergeant entre autre les activités de Numéricâble sur le fixe et le câble, la boîte de Pandore s’est rouverte et le marché des opérateurs virtuels (MVNO) a connu ses premières déflagrations sérieuses via l’annonce du rachat de Zero Forfait par PrixTel et la mise en vente des activités de Virgin Mobile. Il y aura bien d'autres remous chez les opérateurs historiques…

Contexte morose ?

L’arrivée de Free sur le marché des opérateurs mobiles et la guerre des prix qui en a résulté a donc contribué à réduire le nombre d’acteurs du marché résidentiel des MVNO, incapables de lutter contre des forfaits devenus les plus bas en Europe, à moins de se concentrer pour augmenter davantage le volume des minutes achetées en gros aux opérateurs historiques. Dans ce contexte morose, un espoir subsiste du côté des entreprises qui ont opté pour le modèle Full MVNO et les services entre professionnels

Déclin du modèle des MVNO, vive le full MVNO…

Les chances sérieuses de voir émerger de plus en plus de marques opérateur, l’émergence d’un nouveau modèle de gestion des activités télécom, le SDN (Software-defined networks) démontrent que le déclin du modèle des MVNO classiques sera bientôt compensé par la montée en puissance de nouveaux modèles économiques. Les fulls MVNO sont des opérateurs qui décident, plutôt que de construire leur propre réseau d’accès mobile radio, de louer celui de l’un, ou de plusieurs, des trois opérateurs de réseau mobiles (Orange, SFR ou Bouygues Télécom). Ces full MVNO investissent sur leur propre infrastructure de cœur de réseau mobile afin de produire et de contrôler les services pour leurs clients, à l’instar des opérateurs de dégroupage total sur les réseaux ADSL.

Les full MVNO se singularisent des MVNO classiques dans leur capacité à pouvoir disposer de toutes les fonctionnalités et l’indépendance d’un véritable opérateur mobile – y compris la couverture réseau radio qui est loué à un ou plusieurs opérateurs d’infrastructure radio (appelés MNOs) supprimant alors mieux que quiconque les zones blanches mobiles. L'opérateur « Full MVNO » peut utiliser plusieurs couvertures réseaux différentes, et donc négocier les meilleurs tarifs du marché ou obtenir les meilleurs services du moment (par exemple une couverture 4G nationale). Le "Full MVNO" dispose de ses propres cartes SIM. Contrairement à la plupart des MVNO « light », qui ne peuvent que packager et facturer les services produits techniquement par leur partenaire MNO (limitant d’autant leur marge de manœuvre vis-à-vis de leur partenaire « Hôte »), les full MVNO sont pleinement responsables de la production technique des services de communications mobiles à leurs clients.

La Marque Blanche

Parmi les modèles économiques qui sont en train d’émerger à la lisière du développement des Full MVNO, la Marque Blanche. Actuellement les marques étudient les stratégies adéquates pour devenir les opérateurs de demain grâce aux services en marque blanche (NRJ, Crédit Mutuel ou Darty ont joué le rôle de pionnier) et les premier clients de Legos démontrent l’appétence du marché pour de telles offres. Les experts peuvent néanmoins s’accorder sur le fait que le mouvement va se poursuivre et s’amplifier sur le marché Business to Business (entre professionnels). En outre de nouveaux services ont encore accentué cette segmentation des usages : voix administrative, voix mobile, audioconférence, Visio conférence, communication unifiée (service Lync de Microsoft ou Jabber de Cisco), Machine to Machine (ou M2M) avec notamment la géo-localisation de flottes ou encore la télérelève d’équipements de comptage (smart metering).

En lisière de la convergence totale des réseaux voix et données est apparue la notion de Software Defined Network (SDN). En effet, alors que l'infrastructure réseau est devenue plus programmable, le réseau, lui, évolue rapidement. Lorsqu'il est mis en oeuvre correctement, le SDN contribue à diminuer la complexité d'administration des cœurs de réseau des opérateurs. Par exemple, si une nouvelle machine virtuelle ou un serveur physique est installé, tous les composants réseau rattachés à cette nouvelle tâche doivent être mis à jour.

Selon un article de GigaOM Research, 15% des entreprises ont déployé le SDN (ou sont en phase pilote), et selon IDC, le marché du SDN représentera plus de 3,5 milliards de $ en 2016. Quel point commun entre marque blanche et SDN ? Déconnection des services d’avec les infrastructures, approche « services à valeur ajoutée », personnalisation de l’expertise et de l’expérience télécom pour les professionnels et les marques. Pour beaucoup, l’avenir du modèle économique des MVNO se jouera sur la cible entreprise et s’annonce encore radieux pour les acteurs qui ont su se réinventer.

Lire aussi