Vidéo générée par IA : Sora explose les compteurs sur l’app Store

Sora, la nouvelle app vidéo d’OpenAI, fascine et questionne. Réalisme troublant, création ultra simple, enjeux éthiques… Ce nouveau terrain de jeu IA bouscule déjà notre rapport à l’image et à la créativité.

Une expérience inédite : Sora, le pari vidéo d’OpenAI

L’arrivée de Sora, la nouvelle application d’OpenAI, marque un tournant dans la manière dont nous consommons des vidéos. Dès l’ouverture, l’utilisateur se retrouve plongé dans un flux vertical à la façon de TikTok ou Instagram Reels. À une différence fondamentale près : ici, chaque contenu qui défile sous le pouce est généré par une intelligence artificielle, avec une qualité visuelle parfois troublante de réalisme.

Sora, l’app vidéo d’OpenAI, connaît un démarrage fulgurant. Bien qu’elle soit pour l’heure limitée (invitation uniquement aux États-Unis et au Canada), elle a déjà enregistré 56 000 téléchargements le premier jour, puis un total de 164 000 installations en 48 heures selon les données d’Appfigures.  Cette performance a propulsé Sora jusqu’à la 3ᵉ place du classement général de l’App Store américain, malgré ses restrictions d’accès. Sur l’App Store, l’application est déjà #1 dans la catégorie “Photo & Video”. Ce succès initial démontre l’intérêt fort du public pour des outils génératifs vidéo alimentés par l’IA. Dès que Sora sera accessible en Europe (et en France), on pourra surveiller son adoption locale et comparer les résultats globaux à ces débuts spectaculaires.

L’app est gratuite sur iOS et web, mais l’accès réel exige un abonnement ChatGPT Plus à 20 $/mois, puis une invitation restreinte aux États-Unis et au Canada. Beaucoup dénoncent un lancement trompeur, assimilé à un “piège à abonnement”. Côté usage, les débutants saluent une interface simple et une communauté créative bienveillante, même si la logique des prompts demande de l’expérimentation. Sora apparaît comme un bon tremplin vers la création vidéo pour les non-experts. La controverse vient aussi de la restriction des personnages d’anime, jugée contre-productive : selon les fans, elle freine la créativité et l’expansion culturelle japonaise. La note sur l’apple store est pas fameux 3.4 !

L’inquiétante fluidité entre virtuel et réel

Ce qui frappe, c’est cette sensation de naviguer en territoire inconnu. Les vidéos donnent souvent l’impression de traverser un étrange « entre-deux », ni tout à fait fictives ni vraiment authentiques. Il suffit de quelques secondes pour s’enregistrer et apparaître soi-même dans ces créations synthétiques. Plus étonnant encore, il est possible d’y inviter des amis, pour peu qu’ils aient accepté d’être “tagués” — ou même des personnages protégés par la propriété intellectuelle, tels que Naruto ou les héros de South Park. Un choix audacieux de la part d’OpenAI, qui laisse aux détenteurs d’IP le soin d’interdire leur utilisation.

Ambivalence sociale et nouvelles perspectives créatives

Pour certains, Sora ressemble à un simple gadget ou à une usine à contenus stériles, mais ce serait passer à côté du potentiel créatif offert. La simplicité avec laquelle on compose une vidéo — aussi facilement qu’on rédige un tweet — pourrait ouvrir la voie à de nouveaux usages, notamment pour ceux qui peinaient jusqu’alors à s’exprimer via le format audiovisuel classique.

Voici quelques usages prometteurs déjà observés parmi les premiers utilisateurs :

• Susciter l’émulation personnelle en générant des scènes où l’on accomplit ses rêves.
• Mieux contrôler son fil en affinant précisément les contenus suggérés par l’application.
• Partager rapidement des clips personnalisés entre proches sans passer par une publication publique.

Zones grises et défis majeurs en perspective

Toutefois, impossible d’ignorer les zones d’ombre : mainmise algorithmique sur nos choix, risques juridiques autour des droits d’auteur, avenir incertain pour les créateurs professionnels face à cette production automatisée. À mesure que la technologie progressera, distinguer le vrai du faux deviendra plus complexe ; « voir ne sera plus croire ». Si certains y voient un simple prolongement du doom-scrolling déjà encouragé par TikTok ou Reels, la capacité quasi infinie de génération soulève davantage d’interrogations sur notre rapport au contenu.

Reste à savoir si cette mutation technologique servira réellement la créativité humaine… ou ne fera qu’accroître la confusion. Pour l’heure, le débat reste ouvert — mais la frontière entre humain et machine s’amenuise chaque jour davantage.