Publié le 30 janvier 2017, modifié le 30 janvier 2017.
Par La Rédaction

Une idée, un développeur, un OS open source pour montre : Asteroid

Publié le 30 janvier 2017, modifié le 30 janvier 2017.
Par La Rédaction

Avec Asteroid, je cherche à fournir une vraie plateforme ouverte aux montres connectées.

Les cinq prochaines années, les montres connectés hybrides devraient prendre environ 40% du marché. Les smartwatches hybrides sont les montres qui ont certaines fonctionnalités “intelligentes”, mais ne sont pas des smartwatches traditionnel et disposent d’un affichage analogique au lieu d’un écran tactile.

Pourquoi ce chiffre grossit alors que Google a lancé Android Wear en 2014, avec le lancement de nombreuses montre comme la LG G Watch, G Watch R, Moto 360 et le Samsung Gear Live… Tout simplement parce qu’ils ne rencontrent pas leur public ! Pourtant en octobre, IDC a indiqué que pour le T3 2016, Apple restait le premier fournisseur de smartwatch détenant 41,3% de part de marché. À la fin du troisième trimestre, Apple a lancé Apple Watch Series 2 avec notamment l’Apple Watch Nike + (le sport un marché à potentiel)

En fait, ce n’est pas le fait des OS mais de l’appétit des consommateurs… Seulement 8% prévoyaient d’acheter un Wearable au cours des 12 prochains mois, tandis que 76% n’avaient pas l’intention d’acheter. Les raisons, le prix reste le plus grand obstacle (46%), tandis que 33% ont cité« les fonctionnalités qui ne sont pas utiles et 30% ont dit ne pas vouloir porter de montre. En décembre 2016, 15,6% des consommateurs américains possédaient une smartwatch ou un bracelet pour le sport. Dans l’EU4 (Grande-Bretagne, Allemagne, France et Italie), la pénétration des wearables est de 9,2%, avec la catégorie smartwatch à 3,8% (en France, on a la pire pénétration d’Europe pour les smartwatches) Apple est restée la première marque de smartwatch vendue dans l’EU4 à 37% au quatrième trimestre de 2016, contre 16% avec Samsung.

Dans le même temps, Moto de Lenovo et Microsoft annonçant à la fin de 2016 qu’ils arrêteraient la production de leurs wearables. Jawbone a cessé sa production en mai 2016 et Pebble a été rachetée par Fitbit.

Ce marché reste donc à secouer et l’open source est peut-être une solution ? Il est vrai que les initiatives open-source sur Smartphone ont toutes été en échec ! Mais si on regarde les freins, les 2 premiers facteurs sont à la portée des constructeurs et développeurs 🙂

Nous avons posé quelques questions à un jeune développeur Florent Revest qui un créée un projet communautaire pour la smartwatch sous Android, Asteroid

Comment avez vous eu l’idée ?

Au départ (fin 2014) c’était simplement une curiosité technique, un petit défi personnel: Je voulais voir à quel point je pouvais comprendre et modifier un système prévu pour faire fonctionner Android. Il faut savoir que je suis dans l’informatique depuis que j’ai 10 ans et à cette époque là j’avais encore l’habitude de commencer des “micro-projets” juste pour le plaisir d’apprendre de nouvelles connaissances et de relever des défis excitants.

Rapidement, je me suis rendu compte que je pouvais mettre à profit mes “bidouilles” pour réaliser un système d’exploitation mobile libre. Les téléphones avaient déjà des alternatives comme SailfishOS ou Ubuntu Touch mais dans le marché des montres c’était encore le désert. De plus, là où ces systèmes se heurtent à un manque colossal d’applications, les “stores” de montres restent bien plus modestes à rattraper. Finalement, Android Wear étant beaucoup plus fermé que son grand frère Android, l’idée d’Asteroid m’est apparu comme une évidence.

Quels sont vos intentions avec cette OS ? peut-il évoluer sur d’autres device autre que les montres ?

Avec Asteroid, je cherche à fournir une vraie plateforme ouverte aux montres connectées. L’ouverture se traduit par des avantages pour les utilisateurs désireux de comprendre et modifier leurs montres mais aussi pour les entreprises souhaitant développer des produits de type montre connectée en bénéficiant de plus de degrés de liberté et de coûts réduits. D’autres avantages apparaissent également du côté de la vie privée et de la lutte contre l’obsolescence… (j’y reviens plus tard)

Pour le moment, je ne concentre mes efforts que sur les montres connectées mais la technologie est pensée de telle sorte que le système puisse s’adapter à d’autres appareils. En tous cas, rien de prévu pour le moment.

Quels sont les défis technologiques que vous avez rencontré ?

Faire fonctionner un système Linux “normal” sur un appareil n’ayant que des drivers Android est un défi considérable. À l’aide d’un composant logiciel nommé “libhybris”, j’ai pu rendre ce défi possible. C’est précisément à la seconde où ma preuve de concept libhybris a fonctionné que j’ai compris que ce projet allait changer mes années à venir.

Comment voyez vous l’évolution de ce marché en tant que développeur ?

À mon sens, le marché des montres grand public stagne depuis plusieurs mois car les consommateurs attendent toujours une rupture technologique qui rendra l’achat plus utile. Par exemple, je crois que la rupture pourrait venir des assistants personnels mais seul l’avenir le dira. Mon attitude vis à vis du marché et de favoriser l’ouverture pour:
– catalyser la créativité des développeurs et favoriser l’apparition d’utilisations innovantes des montres connectées. (les Arduino, R-Pi et autres ne cessent de montrer que l’ouverture réveille des talents et des idées)
– permettre l’émergence de plus de montres non-grand-public pour des marchés niches comme des utilisation professionnelles précises par exemple.

Que pensez vous du rachat de Pebble ?

Je crois que le rachat de Pebble est très significatif vis à vis de l’état du marché et de l’importance d’une plateforme ouverte. Tout d’abord cette opération souligne que “les grands du milieu” s’intéressent toujours aux montres. Certaines personnes mettaient en avant le faible nombre de nouveaux modèles de montres sortis en 2016 mais je crois que l’année 2017 va arriver avec son lot de surprises.

Mais plus intéressant encore, on se rend compte qu’un produit fermé qui a du succès peut perdre toute pertinence du jour au lendemain. À l’annonce du rachat de Pebble (qui ironiquement est sortie le même jour que la version Alpha d’AsteroidOS), des dizaines de clients Pebble m’ont contacté pour me manifester leur intérêt pour Asteroid. Leur constat était toujours le même: leur produit avait été rendu obsolète en un clin d’oeil et ils n’y pouvaient rien. On voit bien des initiatives de rétro-ingénierie se former comme “Rebble” mais cela reste anecdotique. Similairement, on voit déjà des modèles de montres Android Wear comme la LG G Watch être abandonnées et le consommateur reste impuissant.

Avec Asteroid les gens savent que si demain j’arrêtais le développement, des dizaines de personnes pourraient continuer à maintenir et faire évoluer la plateforme. Je crois que c’est bénéfique pour tout le monde, y compris pour les partenaires intéressés par le développement de montres Asteroid.

Lire aussi