Publié le 7 mars 2022, modifié le 8 mars 2022.
Par La Rédaction

Retour sur la mission industrielle autour de la 5G

Publié le 7 mars 2022, modifié le 8 mars 2022.
Par La Rédaction
Creation : servicesmobiles©

Creation : servicesmobiles©

Lancée en octobre 2021 dans le cadre de la stratégie d’accélération sur la 5G et les futures technologies de réseaux de télécommunications, la mission 5G industrielle a été restituée ce jour.

Initiée le 19 octobre 2021 par la Ministre déléguée chargée de l’Industrie et le Secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des Communications électroniques, elle s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’accélération sur la 5G et les futures technologies de réseaux de télécommunications, en lien avec les Comités Stratégiques de Filière (CSF) infrastructures numériques et solutions pour l’industrie du futur. Le mandat de la Mission était d’établir un dialogue soutenu avec les acteurs industriels et télécoms afin de les inciter à se saisir des usages de la 5G, d’identifier les freins au déploiement de la 5G et de ses usages dans l’industrie et proposer des actions concrètes pour accompagner l’industrie française dans l’émergence et le déploiement de services innovants sur la 5G.

Cette Mission 5G industrielle a été restituée dans un rapport remis le jeudi 3 mars 2022 par le président de la Mission, Philippe Herbert.

7 freins principaux au développement de la 5G industriel en France :

  • Accès actuel aux fréquences, un frein à l’adoption de la 5G par les industriels
  • Nécessité d’accélérer le développement de l’écosystème 5G industrielle en France
  • Insuffisante disponibilité d’équipements et de services adaptés à la 5G industrielle
  • Besoin de simplifier et rendre plus accessible la 5G industrielle
  • Difficulté à trouver les bonnes compétences pour déployer la 5G industrielle
  • Interrogations sanitaires, environnementales et sociétales liées à la 5G industrielle
  • Manque de visibilité et de maturité des écosystèmes 5G industrielle Français et Européens, y compris pour la technologie 5G, le cloud et la cybersécurité

On peut rajouter : pas de stimulation pour créer un écosystème de startup (le mot startup citée 1 seule fois dans le rapport) dédié à la 5G et à l’industrie du Futur et le besoin de synergie rapide et efficace avec la recherche telecom en France. Certes, ces 2 points sont en filigrane dans le rapport avec la création de “fablab”. Cette appellation aurait pour mission d’opérer, en pleine collaboration avec les industriels, des projets de transformation numérique autour de cas d’usage. Ils s’appuieraient sur des équipements, une expertise et l’agrégation d’un écosystème 5G industriel complet. Il serait des lieux fédérateurs dédiés à l’industrie pour accompagner et accélérer le partage des cas d’usage de la 5G industrielle. Il est évident que la pandémie a prouvé le besoin d’une technologie plus avancée dans nos maisons, nos entreprises et nos hôpitaux, ainsi que plus d’automatisation dans les usines et les points de production.

Exemple de structuration d’un campus fablab 5G industrielle selon la mission 5G industrielle

Exemple de structuration d’un campus fablab 5G industrielle selon la mission 5G industrielle

Liste des premières entités soutenant la recommandation et souhaitant participer à la mise en œuvre de son plan d’action opérationnel : Agilicom, Alsatis, Arcelor Mittal, ASN, Capgemini, CEA, CETIM, EDF, Ericsson, Firecell, HubOne, Infovista, RedTechnologies, SNCF, WeAccess, Fives, Merem Electronique, Orange, Campus Région du numérique, Bouygues Télécom, Nokia, Braincube, SNEF Lab, IMT, Epitech, SWARM, Total Energie, We Network, PFA.

L’approche anglaise

Les Anglais sont persuadés que la 5G est la clé pour libérer l’efficacité et la productivité des entreprises ainsi que pour créer des avantages sociétaux y compris dans le monde de la ruralité. Ils ont monté rapidement un écosystème avec de nombreux pilotes, partent du principe qu’il n’y a pas que le tissu industriel à équiper, mais que cela doit aussi toucher la modernisation des secteurs qui ont un impact sur la vie de gens comme la santé, la culture, l’agriculture… et bien sûr, le grand public. Par exemple, les zones rurales d’Écosse produisent du saumon d’élevage, la plus grande exportation alimentaire du pays et la plus grande exportation alimentaire du Royaume-Uni en valeur, et donc un contributeur majeur de leur économie nationale. La connectivité numérique permet à des capteurs étendus de mesurer la qualité de l’eau, les niveaux de pH et la température. Il peut également prendre en charge des caméras vidéo sous-marines haute résolution pour compter les poissons ou un logiciel d’IA pour l’identification des maladies. Autre exemple, l’industrie du Whisky, qui contribue en milliards à l’économie écossaise avec 7 000 employés issus des communautés rurales. Un réseau 5G privé pourrait prendre en charge les distilleries avec les opérations sur les machines, y compris la surveillance vidéo des lieux de production et les communications avec les employés.

(La technologie n’est pas la réponse à tous les problèmes)

L’approche écosystémique pour construire la 5G industrielle

L’Europe est à la traine. D’ailleurs, la mission constate que l’offre française ou européenne pour ces solutions est aujourd’hui insuffisamment disponible et manque de maturité, autant en termes de couverture des besoins qu’en nombre. Les équipements 5G industrielle disponibles dans la bande 2,6 GHz, peu ou pas utilisée au niveau mondial en 5G, sont très peu nombreux. Leur développement et leur commercialisation à un coût raisonnable par les grands équipementiers internationaux semblent incertains si l’industrie française n’arrive pas à agréger ses besoins. Les équipements 5G industrielle en bande 3,8-4,2GHz (voir Recommandation N°1) sont eux plus nombreux, mais ils doivent pouvoir répondre aux spécificités des filières industrielles françaises.

Dans le même temps, selon une enquête d’EY menée auprès de plus de 1 000 entreprises dans le monde, les entreprises de tous les secteurs augmentent leurs investissements dans ces technologies et d’autres. Exploiter plus efficacement le potentiel des technologies 5G en particulier montre qu’il faut des approches écosystémiques mais pas académiques comme semble le décrire le rapport Français. Trois quarts (75 %) des entreprises affirment que les stratégies écosystémiques deviendront un moteur important de la croissance de leur organisation au cours des cinq prochaines années. Plus des deux tiers (69 %) collaborent déjà avec d’autres organisations dans le cadre d’un écosystème d’affaires.

La collaboration apporte de nombreux avantages aux participants de l’écosystème, notamment la diversité des perspectives, le partage des risques et des avantages financiers et l’accès à des compétences spécialisées. En fait, l’étude révèle que l’accès à de nouvelles compétences, connaissances et compétences est la principale raison (38 %) pour laquelle les entreprises choisissent de collaborer avec d’autres organisations dans le cadre d’un écosystème.

Le pouvoir des partenariats ne peut être sous-estimé. Par exemple, Ericsson a collaboré étroitement avec Orange Business Services pour développer une nouvelle offre de sécurité destinée aux entreprises clientes. Avec plus de cinq milliards d’appareils IoT cellulaires qui seront utilisés d’ici la fin de 2027, la détection et la réponse aux menaces de sécurité sont vitales. L’offre de sécurité IoT Accelerator d’Ericsson permet aux fournisseurs de services de fournir des services de sécurité pour compléter leurs solutions de connectivité IoT pour les entreprises clientes. OBS propose le service sous le nom de IoT Services Controlled basée sur la plate-forme primée IoT Accelerator d’Ericsson. La plate-forme IoT Accelerator permet une gestion et des opérations de connectivité mondiale IoT rentables et fiables pour les entreprises de toute taille partout dans le monde.

Grâce à la connectivité IoT mondiale fournie par Orange Business Services, des machines à café sont connectées et gérées à distance dans des bureaux et des cafés à l’échelle régionale et mondiale via une plate-forme de gestion de la connectivité unique et facile à utiliser basée sur le service IoT Accelerator d’Ericsson et prise en charge par le réseau Orange et les accords d’itinérance associés. La plate-forme ConnectMe de de Jong DUKE fournit des informations détaillées en temps réel sur les machines à café, y compris la consommation de café, les cycles de nettoyage et les exigences de maintenance proactive

Des gagnants et des perdants

Joakim Reiter, Chief External and Corporate Affairs Officer, Vodafone Group, a prononcé un discours lors du Mobile World Congress 2022 lors d’une session intitulée “State of the Industry : What’s Next for the Mobile Sector ?” Voici quelques extraits. L’Angleterre avance à pas de géant avec une approche pangouvernementale axés sur l’innovation avec au coeur du dispositif les startups, les opérateurs et les industriels !

La vérité qui dérange est qu’il y aura – et il y a déjà – des gagnants et des perdants majeurs dans le monde de la 5G. Avec toute avancée technologique significative dans l’histoire, cela se traduira par des gagnants et des perdants sur la scène mondiale : par des écarts de prospérité croissant entre ces entreprises et nations pionnières par rapport à celles qui sont à la traîne, et par des changements sismiques de puissance et de richesse à travers le monde.

L’Europe prend du retard et risque également de perdre le plus en termes de part actuelle de la richesse mondiale. Si l’Europe reste sur sa trajectoire actuelle, elle devrait – au mieux – atteindre une couverture 5G transformationnelle à faible latence de 60 % plus de 10 ans après la Chine. L’Europe court un risque réel – un risque économique, impliquant les emplois et les moyens de subsistance de millions de citoyens – de devenir un retardataire mondial en déployant la 5G et en bénéficiant des innovations autour des applications 5G. Cela, à son tour, mettra en péril la future autonomie stratégique de l’Europe. En revanche, la Chine, le Golfe et l’Asie du Sud-Est semblent déterminés à utiliser la 5G comme levier clé de leur croissance future. L’Australie, les États-Unis et les Émirats arabes unis sont déjà à 50 % de couverture et la Corée du Sud est encore plus loin avec plus de 90 %.

Rien que pour rattraper son retard dans cette course numérique, le coût économique pour l’Europe s’est élevé à 315 milliards d’euros rien qu’en 2021. Cet écart sera supérieur à 1 300 milliards d’euros d’ici 2032, selon une étude du Parlement européen. C’est plus que le PIB annuel total de l’Espagne. Les pays ou régions qui sont à la pointe de la 5G ont adopté une « approche pangouvernementale » pour la mettre en œuvre. Ceux qui sont à la traîne ne l’ont pas fait.

À ce jour, la France, l’Europe est toujours sur la ligne de départ !

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