Publié le 4 octobre 2022, modifié le 5 octobre 2022.
Par La Rédaction

Potentielle fusion entre Vodafone et 3UK

Publié le 4 octobre 2022, modifié le 5 octobre 2022.
Par La Rédaction
Création : @smoytoo for @servicesmobiles

Création : @smoytoo for @servicesmobiles

Qu'est-ce qui crée la concurrence dans l'industrie des télécommunications ? Le nombre d'opérateurs mobiles peut-il être comparé au nombre de fournisseurs d'équipements d'infrastructure comme Huawei, Ericsson, Nokia, Samsung et ZTE ?

En France, on a connu le passage de 3 à 4 opérateurs avec l’arrivée de Free Mobile en 2009, filiale à 100 % d’Iliad. L’Autorité de régulation des télécoms (Arcep) a attribué à l’époque et à l’unanimité la quatrième licence 3G. Le nouvel opérateur s’est engagé à lancer ses premières offres début 2012, promettant de couvrir à cette date (en service voix) 27 % de la population, puis 75 % en 2015 et 90 % en 2018, soit plus que les obligations prévues par l’appel à candidatures. En tout, en 2009, l’investissement pour Iliad est évalué par l’Arcep à près de 2 milliards d’euros, en comptant le prix de la licence (240 millions) et des redevances annuelles. Le point mort pourrait être atteint vers 2015.

Les temps ont changé, cette fois-ci, c’est au Royaume-Uni. La nouvelle vient de tomber que Vodafone et 3UK envisagent une fusion de 4 à 3. Selon l’analyse de Barclay, Vodafone prendra 51 % de la société combinée de Hutchison 3 UK 49 %. Une fusion peut apporter des synergies équivalentes à 5 à 11 milliards d’euros. Le Royaume-Uni a besoin d’une meilleure couverture mobile, donc une fusion est logique pour réduire les coûts d’exploitation et ainsi augmenter les revenus pour l’investissement.

Ce n’est pas la première fois que Hutchison tente une fusion 4 contre 3 au Royaume-Uni, selon Strand Consult. En 2016, il a essayé O2, mais a été bloqué par Margrethe Vestager de l’UE. La Commission européenne (CE) a déclaré que la concentration éliminerait un concurrent important, réduirait la concurrence, augmenterait les prix, restreindrait le choix des consommateurs, réduirait la concurrence sur le marché de gros et entraverait le développement de l’infrastructure du réseau mobile. Mais en mai 2020, le Tribunal de l’Union européenne a annulé la décision de l’UE. Bien que le tribunal ait reconnu le pouvoir des CE de bloquer les fusions dans certaines circonstances, la simple affirmation qu’une fusion réduit la concurrence et augmente les prix ne suffit pas à démontrer le préjudice. Le tribunal a déclaré que la CE avait commis une erreur de droit et d’évaluation ; n’a pas surmonté l’obstacle juridique requis en matière de preuve et n’a pas réussi, dans l’analyse quantitative, à démontrer que la fusion entraînerait une augmentation des prix.

Pourquoi

L’Ofcom a identifié que le Royaume-Uni a du mal à fournir un rendement adéquat sur le marché mobile et que la pression est la plus forte pour les acteurs non consolidés comme Vodafone et 3UK et ne fera qu’empirer. À l’échelle mondiale, l’industrie est passée de 4 à 3 marchés d’opérateurs de réseau. Il s’agit d’un développement naturel dans une industrie dans laquelle l’échelle est importante et dans laquelle les prix continuent de baisser alors que le trafic augmente.

Strand Consult a étudié ce sujet pendant plus de 20 ans. Il rappelle que les États-Unis ont connu une consolidation importante du marché de la téléphonie mobile et le pays est devenu un leader des services sans fil mobiles avec des investissements et des innovations dans les réseaux mobiles à un niveau impressionnant. En effet, la récente vente aux enchères des fréquences 5G a rapporté quelque 90 milliards de dollars, une somme soutenue en partie par l’entité fusionnée T-Mobile/Sprint.

Europe

Malheureusement pour l’Europe, les régulateurs ont été moins désireux de stimuler le marché mobile. L’Europe prend encore plus de retard sur les États-Unis et décrit les raisons pour lesquelles elle est à la traîne.

En 2014, les décideurs politiques de l’UE ont déclaré que l’UE n’avait pas la 4G, aujourd’hui c’est la même histoire avec la 5G. L’Europe est toujours en train de rattraper les États-Unis et la Corée du Sud dans le mobile. Les décideurs politiques de l’UE promettent depuis des décennies de moderniser la réglementation, mais les conditions ne se sont pas améliorées pour l’industrie mobile européenne. On espère que le Royaume-Uni ayant rompu avec le régime ordolibéral de l’UE prendra les décisions qui conviennent le mieux à son marché.

Si la réglementation de la concurrence en Europe réussissait, l’Europe serait à l’avant-garde lorsqu’il s’agira d’investir dans de nouvelles solutions technologiques et de les mettre en œuvre au profit des consommateurs et de la société numérique. Ce n’est pas le cas. À l’heure actuelle, l’Europe ressemble à une région qui s’appuie fortement sur les solutions OTT des grandes entreprises technologiques américaines comme Google, Amazon, Microsoft et Apple, ainsi que sur les fournisseurs d’infrastructures de télécommunications comme Huawei.

Consolidation

Il existe deux débats critiques dans l’industrie des télécommunications. L’un concerne la consolidation du marché mobile, un marché sur lequel Deutsche Telecom, Vodafone, Telenor, Telefonica et Orange décrivent la nécessité de 4 à 3. L’autre débat porte sur le nombre de fournisseurs nécessaires pour assurer la concurrence sur le marché des équipements d’infrastructure. En termes simples, la concurrence sur ces marchés de réseaux et d’infrastructures mobiles n’est pas motivée par le nombre de fournisseurs, mais plutôt par la technologie. Si un opérateur ne met pas son réseau à niveau avec les dernières technologies, il perdra sa position sur le marché. De même, si un fournisseur d’infrastructures n’innove pas ses équipements, il perdra des clients.

Lire aussi