OpenAI planche sur un générateur musical IA : pourquoi cela est inquiétant

OpenAI développe actuellement un générateur de musique par intelligence artificielle, succédant à son projet Atlas. Cette initiative soulève des interrogations sur ses répercussions possibles, notamment concernant l’industrie musicale et la création artistique humaine.

OpenAI explore la création musicale automatisée

L’entreprise OpenAI, déjà pionnière dans le développement de chatbots et d’outils génératifs comme DALL-E ou Sora, s’apprêterait à franchir une nouvelle étape : investir le domaine encore peu exploré de la génération automatique de musique. Selon des informations obtenues par le média américain The Information, la société travaille actuellement, avec le concours d’élèves issus de la prestigieuse Juilliard School, à l’annotation de partitions pour bâtir la base de son futur générateur musical.

Ce chantier n’a rien d’anodin. Si les IA dédiées au texte et à l’image font déjà partie du paysage numérique, la création musicale par intelligence artificielle demeure un territoire moins saturé, mais tout aussi prometteur. D’après les confidences recueillies par The Information, OpenAI envisagerait de permettre aux utilisateurs de produire des morceaux en s’appuyant sur des consignes textuelles ou sonores. L’intégration d’une telle fonctionnalité à des plateformes existantes comme Sora 2 placerait potentiellement OpenAI en position unique, capable d’offrir simultanément génération audio, vidéo et musicale via une seule interface.

Des enjeux économiques et juridiques majeurs

Cet engouement naissant n’est pas uniquement motivé par l’innovation technologique. Le secteur se révèle aussi très lucratif : selon un récent rapport relayé par The Information, la start-up Suno aurait multiplié par quatre ses revenus annuels pour atteindre les 150 millions de dollars grâce à l’IA musicale. Cependant, cette manne financière attire aussi son lot de controverses.

Il convient ici de rappeler que deux acteurs phares, Suno et Udio, ont été poursuivis pour violation du droit d’auteur en 2023. Plus récemment encore, Suno a été accusée d’avoir utilisé illicitement des extraits musicaux provenant de YouTube afin d’enrichir ses modèles.

L’équilibre fragile entre innovation et respect du droit

La posture d’OpenAI vis-à-vis des garde-fous juridiques suscite parfois la méfiance. Là où certains concurrents tels que Google Gemini ou Antrhopic privilégient des dispositifs restrictifs pour éviter toute polémique, OpenAI choisit souvent une approche plus ouverte envers ses utilisateurs — quitte à flirter avec les zones grises du droit. Une telle stratégie a déjà valu à la firme plusieurs critiques lors du lancement de ses précédents produits (génération d’images « 4o », outil vidéo Sora 2), notamment autour de reproductions problématiques ou offensantes impliquant des artistes connus.

Pour limiter les risques liés à la propriété intellectuelle et convaincre les professionnels du secteur, il serait indispensable qu’OpenAI implique dès le départ labels majeurs et artistes dans le processus créatif — une démarche qui a pu fonctionner lors de collaborations récentes avec des acteurs tels que Spotify, mais qui reste complexe tant les frontières du droit musical sont mouvantes.

En définitive, si le potentiel technologique ne fait guère débat, la réussite commerciale et éthique du futur générateur musical d’OpenAI dépendra avant tout de sa capacité à concilier innovation et respect rigoureux des cadres légaux en vigueur.