Observatoire numérique : La crise de la covid-19, coup d’accélérateur à la digitalisation
Publication annuelle du Baromètre du Numérique sur le lien qu’entretiennent les Français avec le numérique. Pilotée par l’Arcep, le CGE, et le Programme Société Numérique de l’ANCT, l’enquête s’est déroulée auprès de 4 029 personnes âgée de 12 ans et plus.
Cette étude annuellee mené depuis 2000 est réalisée par le CREDOC a pour objectifs de mesurer l’adoption par les Français des équipements et étudier les pratiques numériques, de détecter les inégalités d’accès et de compétences qu’elles soient volontaires ou subies, de permettre à la puissance publique puisse d’anticiper les grandes tendances et mettre en œuvre une politique.
La crise sanitaire et en particulier les différents confinements ont multiplié les usages numériques et besoins d’utilisation des équipements : télétravail, école en ligne, échanges interpersonnels, loisirs, achats, etc. Quel que soit l’équipement numérique (smartphone, tablette, ordinateur, téléphone fixe, enceinte connectée), la proportion d’utilisateurs augmente significativement, et notamment l’usage des tablettes (58% des individus en utilisent une, +17 points), des enceintes connectées (24%, +13 points) et des ordinateurs (88%, +12 points). Pour ces derniers, le besoin d’un usage quotidien a été massif, avec 66% d’utilisateurs quotidiens (+19 points), porté par la diffusion du télétravail et de l’école en ligne, notamment lors des confinements successifs.
Pendant les périodes de confinement, 3 personnes sur 4 l’ont utilisé pour communiquer avec leurs proches. 62 % des personnes ont recherché des informations sur la pandémie, un adulte sur trois a télétravaillé (33%), trois sur dix ont suivi la scolarité des enfants ou les ont aidés à suivre les cours en ligne (30%) et un sur quatre (26%) a réalisé une consultation médicale en ligne.
Voici les principaux résultats :
Fin 2020, 84% des personnes âgées de douze ans et plus possèdent un smartphone, une proportion en progression de sept points en un an. Si le smartphone a su se rendre indispensable dans le quotidien des Français (73% des répondants l’utilisent quotidiennement), il représenterait une part significative des émissions de gaz à effet de serre, notamment lors de sa conception, à savoir 11% de l’empreinte globale du numérique en 2019, selon le rapport d’information du Sénat.
Un des enjeux serait alors d’accroître la durée totale d’utilisation des smartphones, correspondant à la somme des durées d’usages individuels, permettant ainsi l’allongement de leur durée de vie. Les durées de détention individuelles semblent rester limitées, puisque 84% des possesseurs de smartphone déclarent le détenir depuis moins de trois ans. La durée totale d’utilisation d’un smartphone pourrait également être prolongée avec une adoption plus large des smartphones de seconde main. Le marché du reconditionnement et de la vente d’occasion se développe, mais ces smartphones de seconde main ne représentent encore que 17% de l’ensemble des smartphones utilisés par les personnes de 12 ans et plus.
Causes du renouvellement d’un smartphone
Elles sont multiples, dans la majorité des cas (37%), les personnes interrogées déclarent avoir renouvelé leur smartphone parce qu’il ne fonctionnait plus correctement ou que le système d’exploitation n’était plus mis à jour. Dans ces cas, accroître la réparabilité ou permettre la mise à jour du système d’exploitation sur une durée plus longue conduirait sans doute à l’accroissement de la durée d’utilisation. Lorsque les smartphones sont remplacés, la vente, le don ou le recyclage des anciens terminaux représentent une part importante des pratiques (42%) mais elle reste encore minoritaire.
Plus de la moitié (53%) des anciens terminaux sont conservés à domicile. Parmi les raisons évoquées, 52% des personnes considèrent que l’ancien terminal peut encore servir, mais dans 25% des cas, un accompagnement permettrait potentiellement le réemploi ou le recyclage : en effet 16% des personnes interrogées déclarent ne pas savoir quoi en faire et 9% le conserver pour des questions de sécurité des données.
Usages
- 79% des détenteurs de smartphone ont fait l’usage des messageries instantanées et 67% ont téléphoné via des applications.
- 76% de la population française âgée de douze ans et plus a déclaré avoir effectué au moins un achat de bien sûr internet au cours des 12 derniers mois, contre 62% en 2019.
- 44% des Français vendent des biens ou des services (29% en 2015). Les acheteurs en ligne ont plus de chances d’être, également, des vendeurs (55%, + 11 points).
- Le temps passé hebdomadairement devant la télévision est en moyenne de 19h (+ 1h depuis 2018), sur internet de 19h (+ 1h depuis 2018).
- Parmi les 12 à 17 ans, ils sont 44% à avoir été équipés de leur premier mobile avant 12 ans, le premier équipement est donc de plus en plus précoce.
- 35% des Français éprouvent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et internet.
Données personnelles
Les craintes liées au manque de protection des données personnelles sur internet refluent (26%, – 14 points). Cette question des données personnelles reste néanmoins le premier frein cité, loin devant la qualité de service (10%, + 5 points), notamment chez les internautes. À l’inverse, les non-internautes pointent plus souvent la complexité ou le manque d’utilité (22% et 20%).
La crainte exprimée vis-à-vis de la protection des données personnelles diminue en raison de la diffusion de pratiques de précautions massivement adoptées. 29% des usagers auraient ainsi éteint leur téléphone mobile pour éviter d’être tracé (+ 12 points par rapport à 2014). 66% auraient
renoncé à un achat par manque de confiance au moment du paiement (+ 7 points). Cependant, ces précautions ne sont pas toujours suffisantes. Dans l’ensemble de la population, sont en hausse les situations embarrassantes liées à l’exposition de sa vie privée en ligne : 20% des personnes interrogées regrettent d’avoir publié ou écrit des choses concernant leur vie privée sur internet (8% en 2014, + 12 points). 29% ont déjà été gênés que certains éléments de leur vie privée figurent sur internet (19% en 2014, + 10 points).