Maiaspace prépare la première fusée réutilisable d’Europe pour 2026. Objectif : conquérir le marché des satellites et défier la domination de SpaceX.
TL;DR
- Maiaspace travaille sur la première fusée réutilisable de l’Europe.
- L’entreprise vise le marché des petits satellites commerciaux pour 2026.
- Elle cherche à rattraper le retard technologique par rapport à SpaceX.
Course vers l’espace : Maiaspace à la hauteur de SpaceX?
Dans une tranquille clairière normande, surplombant la ville de Vernon, des ouvriers s’affairent autour d’un cylindre d’acier, suspendu par des pinces géantes et rougeoyantes. Ce n’est pas une quelconque scène d’un film de science-fiction, mais la réalisation en cours d’une fusée réutilisable. Derrière cette initiative se trouve Maiaspace, filiale du plus grand fabricant de fusées en Europe, ArianeGroup.
Conquête du marché des satellites
Créée en 2018, l’entreprise entre aujourd’hui dans une phase décisive. Son objectif? Lancer d’ici 2026 la première fusée partiellement réutilisable d’Europe, principalement destinée aux petits satellites commerciaux. Un enjeu de taille auquel le CEO de Maiaspace, Yohann Leroy, ne déroge pas. « Pour être compétitif, nous devons réduire les coûts et récupérer le premier étage », a-t-il déclaré, lors d’une visite des installations de test situées dans un coin abandonné d’un site français de moteur de fusée.
L’ombre du géant SpaceX
Ce grand projet intervient dix ans après que les principaux gouvernements européens ont décidé de développer la lourde fusée Ariane 6 sans la rendre réutilisable. Pour certains, cette initiative arrivait déjà tardivement face à la montée fulgurante de SpaceX, la compagnie de fusées d’Elon Musk. Aujourd’hui, les officiels européens parient sur Maiaspace pour rattraper le retard accumulé et secouer la suprématie de SpaceX dans l’industrie spatiale.
Pour concurrencer les géants de l’espace, Maiaspace prévoit de construire une fusée de taille moyenne dont le premier étage pourra être récupéré sur une barge en mer, au large du port spatial européen en Guyane française, pour être réutilisé jusqu’à cinq fois. Leroy souligne que cette fusée pourra alors transporter entre 0,5 et 4 tonnes en fonction de l’orbite et de la charge utile.
Relever les défis technologiques
Malgré une ambition sans faille, plusieurs défis de taille attendent encore les 230 ingénieurs de Maiaspace. Parmi les difficultés à surmonter, figurent notamment l’adaptation du premier étage à la réutilisation. En effet, ce dernier doit être séparé plus tôt pour permettre sa récupération. Pour réussir cet exploit, l’équipe de Maiaspace devra surmonter des problèmes techniques majeurs. Ces derniers sont d’autant plus importants que l’Europe a tardé à intégrer pleinement la technologie réutilisable.
Néanmoins, l’entreprise ne ménage pas ses efforts. Ainsi, le prototype « interstage » actuellement préparé par les ouvriers vise à tester une solution à ce problème. Il comprend une structure semblable à une pince rouge, simulant les effets de la séparation.
Cependant, face à la concurrence acharnée, l’entreprise se doit d’agir vite et bien. Les défis ne manquent pas, aussi bien technologiques que budgétaires. Elle prévoit notamment un budget de développement de plusieurs centaines de millions d’euros, et essaiera d’obtenir une nouvelle manche de financement avec ArianeGroup dès l’année prochaine.