L’engouement massif pour certains prompts d’IA sur le web se retourne contre ses utilisateurs : explications

Image d'illustration. Espace de travail créatif avec écrans de prompts aiADN
L’engouement massif pour l’utilisation répétée des mêmes consignes auprès de l’intelligence artificielle suscite aujourd’hui des effets contre-productifs. Cette tendance soulève des questions sur la créativité, la diversité des résultats et l’évolution du web.
Tl;dr
- Les mêmes références dominent les prompts IA créatifs.
- L’originalité se perd face à la répétition culturelle.
- Les artistes s’inquiètent de l’uniformisation des images générées.
Des références qui tournent en boucle
Difficile d’échapper aujourd’hui aux images et vidéos créées par l’intelligence artificielle. Si tout le monde ne dispose pas de Sora 2, il suffit de parcourir les réseaux sociaux pour découvrir ces contenus. La gratuité d’outils comme Nano Banana, désormais intégré à Google Lens, contribue à cette omniprésence. Pourtant, malgré un champ de possibilités a priori infini, la créativité semble s’uniformiser. Un rapport récent publié par Kapwing révèle une tendance frappante : ce sont toujours les mêmes noms et univers qui reviennent dans les millions de prompts soumis sur Midjourney.
L’inspiration stagne : artistes et marques en tête
À partir de plus de 4,9 millions de requêtes publiques, l’analyse met en avant une forte dépendance aux références culturelles populaires, qu’il s’agisse d’artistes célèbres, de franchises mondiales ou même de chaînes de restauration rapide. Ainsi, on retrouve parmi les plus sollicités :
- Alphonse Mucha, peintre emblématique du mouvement Art nouveau (230 794 prompts), devance nettement des figures comme Van Gogh ou Picasso.
- WLOP, illustrateur contemporain très prisé (166 415).
- Wes Anderson, dont l’esthétique rétro-symétrique inspire (92 378).
- Côté villes et franchises, New York et « Star Wars » font figure d’indétrônables.
- McDonald’s, cité bien plus que toute autre marque grâce à son imagerie universelle.
Si certains choix semblent évidents — « Star Wars » restant une référence culturelle massive — d’autres étonnent, à commencer par le triomphe d’Mucha. Quant au succès de McDonald’s, il souligne combien les repères visuels mondialement connus séduisent les créateurs en quête d’impact immédiat.
L’effet boomerang des prompts populaires : la créativité en danger ?
Derrière ce mimétisme se cache un risque croissant : celui du « model collapse ». Plus l’IA est nourrie par ses propres productions fondées sur les mêmes modèles, plus elle tend vers une production moyenne, répétitive — et donc banale. Cette standardisation inquiète certains artistes, tel que le célèbre illustrateur Greg Rutkowski qui poursuit aujourd’hui plusieurs plateformes pour usage non autorisé de son style. Difficile alors pour la singularité artistique de résister à cette vague de créations homogènes.
Pistes pour sortir du lot et renouveler la création IA
Pour autant, tout n’est pas figé. Les utilisateurs capables de manier habilement le langage des prompts — en variant styles, époques ou techniques — restent ceux qui tirent leur épingle du jeu. L’accès libre au répertoire des artistes tombés dans le domaine public explique aussi leur popularité. Enfin, face à cette saturation visuelle, certains misent déjà sur des expérimentations plus originales et abstraites pour se démarquer.
Finalement, dans cette nouvelle ère où l’IA façonne notre imaginaire visuel collectif, l’innovation passe peut-être moins par la technologie que par la capacité à inventer et détourner les codes existants.