Comment l’écosystème Web3 en Europe peut-il s’affirmer ?
L’écosystème du Web3 en France est en plein développement avec une courbe de distribution des levées de fonds concentrée sur les startups en early-stage et un vivier de startups représentant un potentiel de développement conséquent. Un récent rapport de Deloitte fait un état des lieux des startups françaises créées à partir de 2010 et spécialisées dans le Web3.
L’écosystème Web3 a été précurseur en France, alors bien sûr, il n’avait pas encore cette appellation, mais en 2012 un rapport publié par la BCE reconnaissait l’existence de systèmes monétaires alternatifs en soulignant la menace qu’ils représenteraient pour cette institution, tout en omettant d’évoquer le moindre avantage pour les citoyens et l’économie réelle. Ce rapport de la BCE confirmait l’émergence du Bitcoin dans le paysage technologique des moyens de paiement.
La BCE a préféré ignorer les impacts positifs que Bitcoin aura sur l’économie européenne à mesure que son adoption par les marchands se développera : réduction des coûts et des délais de transactions, amélioration des parcours clients, compétition accrue entre les fournisseurs de services de paiement. Le prélèvement des services bancaires sur l’économie réelle sera réduit d’autant, au profit de l’investissement, de la créativité et de la production de richesse réelle. La BCE a vu une menace dans une initiative communautaire émergente comme Bitcoin tandis que la financiarisation de l’économie qui débouche sur une création illimitée d’actifs quasi monétaires du fait de leur liquidité comme les CDS ne serait que l’expression de l’économie de marché.
En tout cas, une jeune startup française, Paymium, l’avait compris dès 2011 – nous payons souvent des visions rétrogrades d’institutions qui ne comprennent pas grand-chose au numérique. Les entreprises de capital-risque et d’autres avaient injecté près de 800 millions de dollars dans l’industrie du paiement mobile en 2012, un bond de 11 % par rapport à un an plus tôt. En France, cette année-là, c’était environ 35 millions d’euros !
Capital-risque dans la Web3
Depuis, les investissements (monde) en capital-risque dans la Web3 au premier semestre 2022 ont été de 25 milliards de dollars dans des startups contre 12 milliards de dollars à la même période l’an dernier. Cet investissement est motivé par un certain nombre de facteurs, notamment l’adoption croissante des crypto-monnaies, l’essor de la finance décentralisée (DeFi) et le développement du métaverse. Par exemple, Yuga Labs, la société à l’origine des NFT du Bored Ape Yacht Club, a levé 450 millions de dollars pour une valorisation de 4 milliards de dollars. Aptos Labs, une startup blockchain, a levé 150 millions de dollars lors d’une ronde menée par FTX. Malgré l’hiver crypto, des facteurs stimulent l’investissement de capital-risque dans la crypto, notamment l’adoption croissante des crypto-monnaies, la montée en puissance de DeFi et le développement du métavers. Voici quelques-unes des principales sociétés de capital-risque qui ont investi dans les startups Web3 :
- Andreessen Horowitz
- Sequoia Capital
- Tiger Global Management
- Accel Partners
- Union Square Ventures
Ces entreprises investissent depuis longtemps dans des entreprises technologiques en démarrage et se tournent maintenant vers Web3. Ils croient que Web3 a le potentiel de révolutionner la façon dont nous interagissons avec Internet, et ils sont impatients de faire partie de cette révolution. L’investissement dans Web3 est un signe que le monde change. L’Internet traditionnel, qui est centralisé et contrôlé par quelques grandes entreprises, est remplacé par un Internet décentralisé, alimenté par la technologie blockchain. Ce nouvel Internet a le potentiel d’être plus démocratique, plus sûr et plus ouvert.
France
Dans un rapport de Deloitte, seules les startups proposant des solutions technologiques reposant sur la blockchain, un jeton ou une technologie métavers sont prises en compte. Les acteurs proposant du conseil en investissement sur cryptomonnaies et les néo-banques ne sont pas pris en compte, car leur business modèle porte sur la fourniture de conseils ou de comptes bancaires en ligne, et non pas sur des solutions technologiques propres au Web3. Au final, cela porte l’analyse de 205 startups françaises du Web3 dont 37 % sont des startups de l’industrie fintech, 36 % proposent des solutions d’infrastructures, 17 % des startups de l’industrie du divertissement. Nous avons la chance d’avoir Tezos qui concentre 13 % des projets Web3, arrivant ainsi en seconde position derrière Ethereum (31 %).
Les startups françaises du Web3 ont levé près de 2 milliards d’euros depuis leur création. Les investisseurs se tournent principalement vers les cas d’usage autour des services financiers et des compétitions sportives. 51 % des startups de cette étude n’ont pas encore levé de fonds. Ces startups sont majoritairement de jeunes startups : parmi elles, un peu moins d’une sur deux (44 %) a été créé après 2021, et moins de 5 % ont été créées il y a plus de 6 ans. 23 % des startups de cette étude ont déjà réalisé des levées de fonds de type Seed. Cela signifie que la startup vit de son propre modèle économique et qu’elle a besoin de fonds pour se développer à plus grande échelle. Ces startups sont majoritairement des startups créées entre 2019 et 2021 (64 %), qui ont eu le temps de tester leur produit/service sur le marché. 15 % des startups de cette étude ont réalisé une levée de fonds de type pré-seed ou ICO – Une ICO désigne un moyen de lever des fonds pour financer un projet en échange de jetons émis pour l’occasion et de la promesse que ces jetons serviront à quelque chose. Les ICO constituent une alternative intéressante notamment pour financer la phase d’amorçage. -, réalisées au démarrage du projet pour permettre à la startup de développer son produit / service. Ces startups sont majoritairement des startups créées entre 2020 et 2022 (53 %).
Au final, seulement 11 % des startups de cette étude sont considérées comme matures, ayant réalisé des levées de fonds de type Série A, B ou C. Ces startups ont majoritairement été créées avant 2019 (70 %).
L’Europe peut s’installer
L’écosystème Web3 en Europe dispose d’un certain nombre d’atouts qu’il peut exploiter pour concurrencer celui des États-Unis. Le premier point fort est l’Union européenne a été à l’avant-garde de l’élaboration de cadres réglementaires pour la blockchain et les crypto-monnaies. Cela a contribué à créer un environnement plus stable et prévisible dans lequel les entreprises Web3 peuvent opérer. L’Europe a une population nombreuse et éduquée qui est ouverte aux nouvelles technologies. Cela fournit donc un large bassin d’utilisateurs et de développeurs potentiels pour les applications Web3. Outre ces atouts, l’écosystème européen du Web3 bénéficie également d’un certain nombre de tendances favorables à sa croissance. Elle dispose d’un certain nombre d’atouts qu’elle peut exploiter, et elle bénéficie également d’un certain nombre de tendances favorables. Alors que l’écosystème Web3 continue de croître, l’Europe est susceptible de jouer un rôle de plus en plus important.
- DeFi est un écosystème en croissance rapide basé sur la technologie blockchain. Il a le potentiel de perturber les services financiers traditionnels, ce qui pourrait créer de nouvelles opportunités pour les entreprises Web3.
- Le métavers est un monde virtuel qui se construit sur la technologie blockchain. Il a le potentiel de révolutionner la façon dont nous interagissons avec Internet, ce qui pourrait créer de nouvelles opportunités pour les entreprises Web3.
- Les crypto-monnaies sont de plus en plus adoptées, ce qui crée de nouvelles opportunités pour les entreprises Web3.
L’Union européenne devra investir dans des programmes d’éducation et de formation qui contribueront à créer une main-d’œuvre mieux informée et qualifiée dans les technologies Web3. Quand on pense que depuis les années 2000, les écoles n’enseignent, n’éduquent pas au numérique, ni le code dès la 6ᵉ… Cela contribuera à attirer davantage de talents dans l’écosystème européen du Web3. Les états de l’Union européenne devraient promouvoir l’esprit d’entreprise et l’innovation davantage et de façon plus visible dans l’espace Web3. Cela contribuera à créer un écosystème plus vivant et dynamique. Il y a un manque de collaboration avec d’autres pays, comme les États-Unis, pour développer l’écosystème Web3. Si l’on veut un écosystème plus global et inclusif, il faut être moins Gaulois…
En prenant ces mesures, l’écosystème Web3 européen peut concurrencer celui des États-Unis et devenir un leader mondial des technologies Web3.