Publié le 1 décembre 2022, modifié le 2 décembre 2022.
Par La Rédaction

Comprendre le retard croissant de la Tech numérique en Europe

Publié le 1 décembre 2022, modifié le 2 décembre 2022.
Par La Rédaction

Une analyse de l’Institut Montaigne de la situation française et européenne dans les technologies numériques qui énonce une liste de recommandation de ce qu’il convient de faire pour revenir dans la course.

Questions souvent posées : “Amazon, Apple, Google sont américains, TikTok est chinois, comment faire pour avoir demain un Google français, un Steve Jobs français ?” Les retards français et européens en matière technologique sont régulièrement pointés du doigt. La nouvelle rivalité sino-américaine surplombe la compétition mondiale depuis plusieurs années, mais elle s’est accélérée avec la venue de la 5G et l’emprise mondiale de Huawei sur ce marché. Loin derrière, l’Europe voit sa position se dégrader. Ce retard n’a pourtant rien d’inéluctable. Les causes sont bien identifiées et traitables.

Depuis plusieurs mois, la tension monte entre la Chine et les États-Unis sur la Tech. Le Président chinois Xi-Jinping a ainsi déclaré que “l’innovation technologique est devenue le principal champ de bataille du jeu global et la concurrence pour la domination technologique va atteindre des niveaux de férocité sans précédent.” L’ancien PDG de Google alerte l’opinion américaine : “sur chacune des technologies fondamentales du XXIᵉ siècle – intelligence artificielle, semi-conducteurs, 5G, informatique quantique, biotechnologies et énergie verte -, la Chine pourrait bientôt être le leader global”. En août 2022, le Président Joe Biden signe le CHIPS and Science Act octroyant 280 milliards de dollars à l’industrie américaine de la Tech pour “contrer la Chine”. Au sein de ces sommes, 52,7 milliards de dollars sont consacrés aux semi-conducteurs.

Indicateurs

Voici un extrait ci-dessous d’un article de l’institut Montaigne pour comprendre le retard croissant de l’Europe en huit graphiques.

Les indicateurs européens en matière technologique sont au rouge. S’agissant de la R&D investie spécifiquement dans la Tech, la part des pays européens, rapportée au total de la R&D mondiale en Tech, diminue rapidement depuis 15 ans. L’Allemagne est passée de 8 % à 2 % ; la France de 6 % à 2 %. L’Union européenne investit cinq fois moins en R&D privée dans la Tech que les États-Unis. Partie de rien il y a 20 ans, la Chine a largement dépassé l’Europe et vise à rattraper le continent américain rapidement.

Si l’on s’intéresse maintenant aux plus grandes entreprises de la Tech, classées par investissement en R&D, la domination des acteurs américains est évidente. La présence des champions chinois est déjà impressionnante. La faible présence des industriels européens est criante. Ensuite, au sein de l’Europe, la France attire trois fois moins d’investissements que le Royaume-Uni, l’Allemagne attire deux fois moins d’investissements que le Royaume-Uni, alors que son PIB est 40 % supérieur.

Enfin, on cite souvent les licornes comme témoins du dynamisme de la French Tech. En la matière, la France n’est que le 6ᵉ pays européen par la capitalisation boursière de ses licornes, loin derrière le Royaume-Uni et Israël (compté comme européen dans ce classement).

Les causes généralement invoquées sont nombreuses et bien connues : une culture européenne plus réticente à la prise de risque ; la fragmentation du marché européen, des capitaux insuffisants , une réglementation nuisible à l’innovation, une politique de la concurrence fragilisant les champions européens, en bloquant les fusions et en limitant les aides publiques… Toutes ces causes sont valables. Pourtant, les gouvernements européens les connaissent et cherchent à les corriger depuis au moins 30 ans, sans parvenir à empêcher la dégradation de la situation. Faut-il chercher ailleurs ?

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